Présidentielle 2025 : 5e République, Oligui Nguema prône l’expérience face au populisme générationnel

Quelques heures après la proclamation officielle des résultats provisoires par le ministre de l’Intérieur Hermann Immongault, le président élu Brice Clotaire Oligui Nguema s’est exprimé, ce dimanche 14 avril 2025, depuis le siège du Rassemblement des bâtisseurs (RdB), devant un parterre de proches et de soutiens politiques. Dans une allocution sobre mais ferme, il a défendu une gouvernance équilibrée fondée sur le mérite et l’expérience, tout en assumant pleinement son projet de 5e République.
C’est devant une assistance composée notamment du Premier ministre Raymond Ndong Sima, du vice-président Joseph Owondo Berre, du coordinateur général du RdB Anges Kevin Nzigou, et de Brice Laccruche Alihanga — artisan discret mais influent de la stratégie de campagne — que le président élu a dressé les contours de sa vision politique. Réagissant aux débats suscités par le rajeunissement de la classe dirigeante, il a livré une mise au point qui tranche avec l’enthousiasme naïf d’une partie de l’opinion.
« Je ne veux pas de parachutés » : une gouvernance fondée sur le mérite
« Oui, il faut des jeunes, il faut des nouveaux visages. Mais que chacun comprenne que l’administration, ce sont des étapes », a affirmé Oligui Nguema, dénonçant sans détour les pratiques clientélistes. Pour lui, la rupture avec l’ancien système ne signifie pas un rejet de l’expérience : « Je ne veux pas de gens pistonnés. On me dit que je suis souvent avec les anciens. Mais, c’est parce qu’ils ont un parcours. Ils ont des CV qui parlent pour eux. »
Dans une allusion directe à la gouvernance d’Ali Bongo Ondimba, il a rappelé : « Mon prédécesseur a chassé tous les vieux pour travailler avec les jeunes. Qu’est-ce que ça a donné ? » Une manière de souligner les limites d’un jeunisme déconnecté des réalités de l’État, et de défendre un équilibre entre transmission et compétence.
Un discours de clarification dans un contexte de transition exigeante
Alors que la 5e République gabonaise s’ouvre sous les auspices du renouveau institutionnel, cette sortie du chef de l’État élu apparaît comme un signal fort envoyé à la future administration. Ni conservatisme, ni populisme, mais une approche pragmatique du pouvoir. Une posture qui, selon plusieurs observateurs présents, vise à poser les bases d’un État réhabilité, fonctionnel et crédible.
« Ce soir, c’est un homme lucide que nous avons entendu », a confié un proche du cercle présidentiel. Tandis que les partisans scandaient dans la cour du siège du RdB des chants de victoire, c’est un président déjà tourné vers l’après-élection qui s’est exprimé — conscient des attentes et des pièges d’une gouvernance précipitée. Le chantier de la refondation ne fait que commencer.
GMT TV