Présidentielle : 15 milliards de FCFA de dépenses autorisées pour moins d’un million d’électeurs
Alors que l’avant-projet de Code électoral fait désormais l’objet d’examens par le Sénat de transition, à la suite de son vote par l’Assemblée nationale de transition, une mesure en particulier retient l’attention : le plafonnement des dépenses de campagne à 15 milliards de FCFA pour les deux tours de la présidentielle. Cette somme, bien que présentée comme une initiative pour moraliser la vie politique, soulève des interrogations quant à sa pertinence et son impact sur le processus électoral.
Selon le texte, chaque candidat pourra dépenser jusqu’à 10 milliards de FCFA au premier tour et 5 milliards de FCFA au second. Une somme qui apparaît exorbitante lorsqu’on considère le corps électoral gabonais, estimé à moins de 846 822 électeurs lors de la présidentielle de 2023. Un chiffre qui inclut des irrégularités signalées par le Réseau des Observateurs Citoyens (ROC), telles que des doublons et des noms de personnes décédées.
À titre de comparaison, ces 15 milliards de FCFA correspondent au plafond autorisé pour le second tour de la présidentielle française, alors que le pays compte plus de 48,7 millions d’électeurs répartis sur cinq continents. En Afrique, les écarts sont encore plus flagrants : en Algérie, le plafond des dépenses est inférieur à 1 milliard de FCFA, tandis que le Bénin et le Togo se limitent respectivement à 150 et 50 millions de FCFA.
Risques de corruption et inégalités
Cette mesure, bien qu’ambitieuse, pourrait aggraver la corruption et renforcer les inégalités entre candidats. « Une telle marge de manœuvre risque de favoriser les partis ayant accès à des financements considérables, au détriment des candidats modestes », souligne un observateur politique. De plus, les mécanismes de contrôle des dépenses restent faibles. L’absence de bilan financier pour les 27 milliards de FCFA mobilisés lors du référendum constitutionnel du 16 novembre 2024, malgré les critiques de la classe politique, en est un exemple.
Un objectif louable, mais à parfaire
Si l’objectif affiché est de renforcer la transparence, cette disposition semble éloigner le Gabon de cet idéal. « Pour atteindre une véritable moralisation de la vie politique, il est essentiel de renforcer les mécanismes de contrôle et de réduire ces plafonds exorbitants », plaide un expert en gouvernance publique.
Alors que les réformes électorales visent à instaurer plus d’équité et de crédibilité, ce plafond illustre les défis auxquels fait face le Gabon dans sa transition démocratique. Les attentes restent élevées pour que ce processus aboutisse à une gouvernance inclusive et juste.
GMT TV