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Pétrole : pour éviter la banqueroute, faut-il privatiser la Sogara ?

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Dans sa stratégie visant à faire « la promotion d’une industrie pétrolière autochtone » doublée de sa « volonté de reprise en main du secteur pétrolier », le gouvernement prévoit conduire d’importantes réformes. Outre le rachat d’Assala bouclé au prix de biens des sacrifices, l’ambition était également d’augmenter les capacités de la Société Gabonaise de Raffinage (SOGARA). En grande difficulté malgré plus de 18 milliards de FCFA investis en 2023 principalement en dépenses de fonctionnement, la société soixantenaire frôle la banqueroute année après année, ce qui serait de nature à renforcer l’idée d’une nécessité de privatisation.

En intégrant le volet ralentissement « chute de la production de pétrole et diversification de la filière » dans le Plan d’accélération de la transformation (PAT), le gouvernement déchu prévoyait de donner un nouveau souffle à une industrie qui en a grandement besoin. Pour y arriver, plusieurs projets étaient évoqués, dont celui portant sur la restructuration de la Société Gabonaise de Raffinage (SOGARA) via la privatisation de l’outil productif. Reprise par le gouvernement actuel, cette ambition semble pourtant au point mort, en dépit de la nécessité de restructurer la seule et unique raffinerie du pays. 

En effet, malgré une capacité installée initiale de 1 200 000 tonnes métriques, la Sogara, censée produire du butane, du gasoil, de l’essence, du kérosène et d’autres produits comme le pétrole lampant et le gaz liquéfié n’y arrive pas. Elle n’a été en mesure de traiter que 666 124 tonnes métriques de brut en 2023 contre 998 896 tonnes métriques en 2022, soit une baisse de 33,3%. Entre 2021 et 2023, elle a importé une moyenne de 360000 tonnes métriques de produits pétroliers, faisant d’elle quasiment une société de trading pétrolier. Pour autant, pour la seule année 2023, elle a généré plus de 601 milliards de FCFA de chiffre d’affaires. Preuve d’un réel potentiel. 

Difficultés en matière de gouvernance

A l’analyse, il ressort donc que la société malgré ses difficultés opérationnelles et des investissements d’à peine 18,4 milliards de FCFA en 2023, dispose d’un énorme potentiel sous-exploité. D’où la nécessité d’envisager une privatisation allant au-delà de l’outil productif. Plus efficace, avec des processus rationalisés et une meilleure gestion des ressources, des fonds privés dans la Sogara intégrerait une gestion plus rigoureuse, loin des 20 milliards de FCFA de masse salariale. Ils amélioreraient la gouvernance en intégrant le principe de rentabilité. Investiraient des capitaux supplémentaires, pour moderniser les infrastructures et améliorer les installations de raffinage, ce qui pourrait augmenter la capacité de production.

Un ensemble d’éléments qui cadrent avec l’ambition des autorités de transition, de faire « la promotion d’une industrie pétrolière autochtone ». La privatisation de la Sogara au Gabon pourrait donc présenter plusieurs avantages, entre baisse des importations, transfert de compétences, création d’emplois, compétitivité, réduction de la charge financière de l’État et accès à de nouveaux marchés. Dans un contexte de mise en œuvre de la stratégie gazière nationale, cette perspective ouvrirait le champ du possible, d’autant qu’avec le rachat d’Assala, la stratégie actuelle présente quelques failles. 

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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