Marseille : des masques Biery Fang en vente au MAAOA !

Au Musée d’arts africains, océaniens et amérindiens (MAAOA) de Marseille, trois sculptures Biery Fang captivent les visiteurs. Originaires des forêts équatoriales du Gabon, ces œuvres des tribus Fang, datant du début du XXe siècle, incarnent la quintessence de l’art africain. Hautes de 59 cm, ces silhouettes stylisées en bois, aux épaules larges et au nombril proéminent, étaient juchées sur des coffrets d’écorce contenant les ossements d’ancêtres vénérés.
Taillés avec des instruments rudimentaires, les masques Biery de la communauté Fang ont pour essence de maintenir le lien sacré entre les vivants et les morts. Ces figures, exposées au second étage de la Charité, posent un défi : isolées de leur contexte rituel, elles perdent une part de leur essence. Au Gabon, seuls les initiés pouvaient les approcher, loin des regards des femmes, des enfants ou des non-initiés.
Aujourd’hui, livrées aux yeux profanes, elles semblent orphelines de leurs reliquaires et des silences sacrés qui les entouraient.
Biery Fang, une partie du patrimoine gabonais galvaudé
L’histoire de ces Biery Fang est intimement liée à Pierre Guerre entre 1910 et 1978. Avocat et collectionneur passionné, proche de Paul Éluard et René Char, ce dernier va les emporter loin de leur lieu de création. Grand connaisseur d’art africain, ce dernier enseignait à Aix-en-Provence, dévoilant parfois un trésor de sa collection à ses élèves. À sa mort, un tiers de ses pièces fut légué aux musées de Marseille.
Pour régler les frais de succession, son gendre, Alain Vidal-Naquet, vendit d’autres sculptures aux enchères chez Loudmer et Sotheby’s, atteignant des prix astronomiques. Ces Biery Fang, mystérieuses et puissantes, invitent à réfléchir sur la décontextualisation des objets sacrés. Leur présence au MAAOA, bien que fascinante, souligne l’écart entre leur fonction originelle et leur statut actuel d’œuvres muséales, figées dans un silence éloquent.
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