Journée internationale des Droits de la femme: le plaidoyer de Paulette Missambo
C’est par le biais d’une declaration que la vice présidente de l’Union nationale Paulette Missambo, par ailleurs candidat à la presidence de cette formation politique a tenu à donner de la voix à l’occasion de la Journée internationale des Droits de la femme ce lundi 8 mars. Occasion pour l’ancienne ministre et actuel membre du conseil d’administration du Forum des éducatrices africaines (FAWE) d’adresser à la femme gabonaise un message de courage, de détermination, de tolérance et de responsabilité. Ci-dessous, l’intégralité de son plaidoyer.
« Mesdames, Mesdemoiselles
Mes chères filles,
Comme tous les ans depuis 1977, la communauté internationale célèbre ce 08 Mars 2021 la journée internationale de la Femme.
Cette journée du 8 mars nous offre l’occasion de nous pencher sur la longue marche des femmes vers plus de droits. En cette journée si particulière, nous devons également nous souvenir des personnalités, faits et dates qui ont marqué notre lutte vers l’émancipation.
Le thème choisi par l’ONU cette année-ci est : “Leadership féminin : Pour un futur égalitaire dans le monde de la covid-19.” Outre les obstacles sociaux préexistants, qui continuent à entraver la participation et le leadership des femmes, de nouveaux écueils sont apparus avec la pandémie de covid-19 :
☛ La montée de la violence domestique contre les femmes et filles, avec la recrudescence des viols, de l’inceste et des grossesses précoces, conséquences des confinements fréquents ; ☛ L’aggravation de la violence en milieu scolaire du fait de la désorganisation des rythmes scolaires, avec comme conséquences, l’échec et l’abandon ;
☛ La destruction des emplois, en particulier dans l’économie populaire, dans laquelle exercent de nombreuses femmes, nombreuses parmi elles ont basculé dans l’extrême pauvreté par manque de filet social ;
☛ L’inadaptation de notre système de santé aux contraintes imposées par la covid-19. Surtout qu’en tant que mères ou pourvoyeuses de soins, les femmes sont en première ligne dans cette crise sanitaire ;
☛ Les limites de l’enseignement en ligne, seul moyen de protéger les enseignants et apprenants de la contamination à la covid-19.
Au terme d’une année de deuils, privations, de limitations des libertés individuelles et restrictions voire de destruction d’activités, nous devons, comme nos sœurs par le monde, nous poser cette question : quel futur pour les femmes dans un monde qui vit au rythme de la covid-19 ? En pensée, en parole et en action, nous devons y apporter une réponse. Nous devons réaffirmer nos aspirations de toujours : la fin des violences sexistes et la défense de notre intégrité, la conciliation des responsabilités familiales et professionnelles ainsi qu’une meilleure participation à la vie publique.
Ancienne ministre, actuelle Vice-présidente de l’Union nationale, actuelle membre du conseil d’administration du Forum des éducatrices africaines (FAWE), j’ai toujours œuvré à la réalisation de ces objectifs. La Journée nationale de la femme, célébrée tous les 17 avril, avec, comme temps fort, la remise du Grand prix du président de la République pour la promotion des initiatives économiques des femmes ; la Journée nationale de lutte contre la mortalité maternelle et néonatale ; la loi relative à la protection sanitaire et sociale de la femme, de la mère et de l’enfant : le Centre national de consultation sociale pour assister les femmes en détresse, sont autant d’initiatives que j’ai pu porter avec votre soutien. Malgré les difficultés du moment, nous devons faire entendre notre voix. En dépit des tentatives de confiscation des libertés et des hésitations de l’Histoire, prisonnière des conservatismes, nous devons nous affirmer à la fois comme femmes et leaders. Nous devons exiger les mêmes droits pour tous. Et nous devons aussi nous inscrire dans une perspective de sortie de la crise sanitaire.
Aujourd’hui plus qu’hier, chacune de nous peut choisir de dénoncer les préjugés sexistes sur les lieux de travail, dans nos familles, dans nos associations ou partis politiques et, plus largement dans la société. Si nous devons le faire pour nous femmes, nous devons aussi le faire pour un monde inclusif. Nous devons le faire aux côtés des hommes. Nous devons le faire avec les hommes et non pas contre les hommes, parce que les droits des femmes sont des droits humains. Même si nous avons des exigences propres, même si ces exigences ont des conséquences de divers ordres, nous devons lutter contre toutes les discriminations fondées sur l’origine, le sexe, la situation de famille, l’apparence physique, l’âge ou la maladie. Nous devons aussi combattre les distinctions basées sur la vulnérabilité économique, le patronyme ou le lieu de résidence. Au-delà, nous devons rejeter les discriminations motivées par les opinions politiques, l’activité associative ou syndicale. Voilà pourquoi nous devons rapprocher nos responsabilités familiales de nos responsabilités professionnelles et, nos responsabilités professionnelles de nos responsabilités sociales ou civiles.
Encourager les hommes à s’investir dans la vie familiale, récompenser la participation des employeurs à cet effort, réduire la tolérance sociale envers les violences sexistes, consacrer la parité homme/femme pour toutes les élections politiques de liste : voilà le chemin que je propose à mon parti et à l’opposition. Voilà le rendez-vous auquel je voudrais convier toutes les Gabonaises, sans distinction aucune. Si l’on veut que la dignité de la femme gabonaise soit respectée, nous devons y veiller à tous les niveaux. Nous devons éviter que la covid-19 serve de prétexte aux violences domestiques et à la déscolarisation des jeunes filles. Parce que les récentes données d’ONU Femmes montrent que la covid-19 pourrait anéantir les progrès réalisés durant le dernier quart de siècle, nous devons nous mobiliser.
Le leadership n’est pas l’affaire d’un sexe. C’est l’affaire de toutes celles et ceux qui ont une vision claire, qui peuvent indiquer une voie, qui savent prendre des risques et se projeter dans l’avenir et, ne redoutent pas de se remettre en cause. Dans ce Gabon en construction, des femmes peuvent devenir des leaders capables d’écoute, de bienveillance et d’action que les populations appellent de leurs vœux. En cette journée dédiée à la lutte des femmes, je vous adresse de nouveau ce message de courage, de détermination, de tolérance et de responsabilité.
Le leadership ne s’attribue pas à travers des quotas où des promotions basées sur l’approche genre. Le leadership résulte de l’engagement de chacune, à l’endroit où elle se trouve, à s’illustrer par la compétence, la force de conviction et la capacité à porter le Groupe. J’invite les jeunes Gabonaises à plus d’audace. Je vous invite à prendre toute votre place dans la société, sans attendre qu’on vienne vous chercher juste pour remplir la case “Femme”. Vous avez toutes les qualités pour cela et notre pays a comme jamais un grand besoin du leadership des femmes.
Je vous remercie.
Paulette Missambo
Vice-présidente Union nationale »