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Jeux de hasard : immongault durcit le ton face aux professionnels du secteur mécontents 

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Partant d’une bonne intention, celle de réformer le secteur des jeux de hasard, connu pour son opacité dans la circulation des flux financiers, le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault s’est retrouvé englué dans une controverse qui n’en finit pas. Au centre de la polémique, le choix porté sur l’entreprise eTECH SAS, chargée de centraliser les opérations et flux financiers relatifs à l’exploitation des jeux et paris en ligne en République gabonaise, conformément à l’arrêté 001551/MIS. Une décision loin de faire l’unanimité, puisque certaines sociétés du secteur, à l’instar de MINERVE TECH, DIGITECH AFRICA et PVIT pointent une opacité dans la gestion de ce dossier et une menace pour les emplois.

Désormais pour exercer, les opérateurs du secteur des jeux ou paris en ligne établis au Gabon sont tenus d’établir une connexion technique avec le partenaire eTECH. Selon les entreprises lésées, eTECH serait « une société privée inconnue, sans expérience avérée en régulation financière ou technologique », indiquent-elles, soulignant que « ce choix opaque met en danger plusieurs sociétés gabonaises du secteur, menacées de fermeture faute de pouvoir continuer leurs activités », n’hésitant pas à parler d’opération « perçue comme un favoritisme au profit d’intérêts étrangers ».

Les jeux et paris, un secteur gangrené par l’illégalité 

Ce 21 mai 2025, se tenait à l’Hôtel le Nomad la 2ème Plénière de l’année des Travaux de la commission supérieure des jeux de hasard. occasion pour Hermann Immongault, président de cette commission, de répondre à ses détracteurs. Pour le membre du gouvernement, il était urgent de mettre de l’ordre dans ce secteur aux flux financiers importants, mais dont l’État ne dispose à ce jour d’aucune donnée à la fois sur le nombre d’emplois dans le secteur, encore moins le montant réel des transactions. 

« Après une année d’investigation, il a été constaté des pratiques contraires à l’orthodoxie dans le secteur des jeux et paris. Le chiffre d’affaires des entreprises est totalement méconnu. Le pourcentage des mises redistribuées aux parieurs n’obéit à aucune règle. De nombreux opérateurs exercent dans l’illégalité, en utilisant parfois de moyens de paiement interdits par la BEAC tels que la cryptomonnaie », a déclaré le patron de cette commission, sommant les entreprises exerçant dans l’illégalité à se conformer au plus tard à la date du samedi 24 mai, faute de quoi des sanctions seront appliquées au terme de la plénière extraordinaire de la commission, qui aura lieu le lendemain c’est-à-dire le dimanche 25 mai 2025. 

eTECH pour mettre un terme au « désordre »

Afin de mettre fin à ce qu’il qualifie de « désordre », Hermann Immongault a souligné que la commission qu’il dirige a proposé au gouvernement de se faire accompagner par un système d’intégrateur et d’agrégateur. C’est suivant ces recommandations que le gouvernement s’est tourné vers une entreprise de droit canadien. « Notre pays a fait le choix d’un agrégateur eTECH SAS, qui est une entreprise de droit gabonais, issue d’un contrat de partenariat public privé entre l’Etat et l’entreprise de droit canadien ESTI MEDIA INC », a martelé Hermann Immongault pour qui, ce partenaire aura une connaissance réelle des flux financiers liés aux paris et jeux, avec des retombées réelles en terme de fiscalité. Le ministre a souligné que l’Etat est co-actionnaire de cette entreprise, avec « 95% des postes occupés par des gabonais ».  

Il faut toutefois souligner que l’absence d’appel d’offres pour un marché aussi important, qui génère d’ailleurs en Côte d’Ivoire plus de 1 000 milliards de Fcfa chaque année, interroge sur la transparence prônée par le gouvernement. Quoi qu’il en soit, cette énième polémique ouvre une nouvelle fois le débat sur l’incapacité du gouvernement à communiquer en temps et en heure sur des questions cruciales, surtout à une période où les gabonais sont plus que jamais regardants sur les questions d’éthique et de bonne gouvernance.   

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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