Gabon : une absence de plan de réduction de la dette et des dépenses de l’État préjudiciable
Face à la presse ce lundi 10 juin 2024, le représentant résident du Fonds monétaire international (FMI), en a profité pour dresser un bilan des consultations au titre de l’article IV de 2024 avec le Gabon. Entre mesures à mettre en œuvre pour permettre une amélioration des perspectives économiques et diagnostic à froid de la situation actuelle, Gomez Agou s’est voulu pragmatique en invitant les autorités à la mise en place de deux plans stratégiques. L’un destiné à la réduction de la dette et l’autre à la réduction des dépenses publiques.
Repli du niveau de vie et du bien-être des populations, taux de chômage élevé, mauvaise gouvernance, l’héritage de l’ancienne classe dirigeante à la tête du pays est peu reluisant. D’importants déficits non pétroliers en 2022-23 ont entraîné une accumulation rapide d’arriérés, conduisant la dette publique à environ 70,5% du PIB, creusant durablement les déséquilibres budgétaires et pesant drastiquement sur l’accumulation de réserves. Cet ensemble a assombri les perspectives économiques d’un pays aujourd’hui en transition sous l’autorité du général-président Oligui Nguema.
Pour y remédier et redresser le gouvernail, le conseil d’administration du Fonds, principal créancier du Gabon, a fait un certain nombre de prescriptions visant à « renforcer la transparence et la gestion des finances publiques » comme l’a encore rappelé ce lundi Gomez Agou, représentant résident de l’institution de Bretton Woods, et qui devront d’ailleurs se poursuivre « sans relâche », afin de ramener les déficits à des niveaux finançables et freiner l’augmentation de la dette. En parlant de dette par ailleurs, des plans de réduction de la dette publique mais également des dépenses publiques sont également attendus.
Quelle stratégie pour réduire la dette publique et le train de vie de l’Etat?
En effet, au-delà de la bonne volonté affichée en public par les autorités, cette question cruciale semble toujours reléguée au second plan. Ce n’est pas un hasard si les prévisions donnent un ratio dette/PIB atteignant 78,9% à l’horizon 2025 contre 70,5% actuellement. La situation actuelle marquée par « l’orientation actuelle d’une politique budgétaire expansionniste » en dépit des faiblesses structurelles et de gouvernance de longue date, reflète d’ailleurs une absence de stratégie soulevée à demi-mot par le représentant du FMI, qui a laissé entendre qu’avant de miser sur un nouveau plan de développement dispendieux, il aurait fallu que les autorités se penchent sur un plan de réduction de la dette publique d’une part et d’autre part, sur un plan de réduction des dépenses publiques.
Conscient de la perspective d’un déclin progressif de la richesse pétrolière qui pèse largement sur les perspectives de croissance à long terme et sur la position extérieure du pays, il aurait effectivement été plus judicieux de privilégier cette approche. Pourquoi? Pour des raisons simples. Stabilité économique, amélioration de la santé budgétaire, amélioration de la confiance des investisseurs et même de la confiance des marchés, étant entendu qu’un pays doté d’un solide plan de réduction de la dette est susceptible de bénéficier de coûts d’emprunt inférieurs à long terme. En plus, un plan de réduction de la dette peut largement contribuer à améliorer la notation de crédit souveraine d’un pays.
Miser sur un Plan national de développement pour la transition (PNDT) à 4536 milliards de FCFA, ramené depuis peu à 3696 milliards de FCFA dans un élan expansionniste, n’était donc pas l’approche privilégiée pour un retour à moyen terme à l’équilibre des finances publiques. Compte tenu des niveaux d’endettement élevés (plus de 8000 milliards de FCFA attendus d’ici la fin de l’année) qui peuvent conduire à l’instabilité économique, des dépenses publiques qui s’accumulent et qui sont toujours sous le joug d’une gouvernance atrophiée, de la vulnérabilité de notre économie aux chocs exogènes, l’approche devrait être repensée en y intégrant ces recommandations du FMI.