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Gabon : sortir du cycle infernal de l’endettement, un impératif pour Oligui Nguema

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Alors que le Gabon s’apprête à tourner une nouvelle page politique sous la présidence de Brice Clotaire Oligui Nguema, la soutenabilité de la dette publique apparaît comme un défi majeur. Avec une dette projetée à 78 % du PIB en 2025, au-delà du seuil communautaire de la CEMAC fixé à 70 %, la nécessité d’une refondation budgétaire et économique s’impose avec acuité.

Le premier axe de la sortie de l’endettement repose sur la diversification de l’économie gabonaise, historiquement dépendante des hydrocarbures. « Le Gabon est le premier producteur mondial de manganèse, mais ses autres ressources minières, comme le fer, l’or ou les terres rares, restent sous-exploitées », rappelle Guillou Bitsutsu-Gielessen, auteur de l’analyse. 

L’auteur plaide pour « Développer ces secteurs, investir dans l’agriculture et la sylviculture, notamment par la valorisation du bois et de l’huile de palme, et attirer des investissements dans l’hydroélectricité et les infrastructures, sont autant de leviers évoqués pour accroître les recettes non pétrolières ».

Aussi , « Le renforcement de l’environnement des affaires, la réduction des exonérations fiscales et l’amélioration de la mobilisation des recettes sont également indispensables pour élargir l’assiette fiscale et réduire la vulnérabilité aux chocs extérieurs ». 

L’Optimisation des dépenses et rigueur budgétaire

Parallèlement, une stricte discipline budgétaire est nécessaire. Selon la Banque mondiale, l’allocation des ressources devrait être recentrée vers les secteurs sociaux prioritaires tels que l’éducation, la santé et la protection sociale. « Une réforme rigoureuse des marchés publics et des investissements infrastructurels est urgente pour améliorer l’efficacité des dépenses publiques », insiste Guillou Bitsutsu-Gielessen.

Guilou Bitsutsu-Gielessen plaide aussi « pour la création de réserves stratégiques en or et devises afin de sécuriser nos transactions et servir de garantie..» à l’instar de nombreux États émergents, pour renforcer la crédibilité financière du pays sur la scène internationale.

Transparence de la dette et bonne gouvernance

Sur le plan financier, la maîtrise du ratio dette/PIB passera par une politique d’endettement plus prudente, le recours à des prêts concessionnels et une transparence accrue. « La lutte contre la corruption, la publication des contrats miniers et l’audit complet des dettes cachées héritées de l’ancien régime sont des prérequis non négociables », souligne l’auteur.

Renforcer l’administration fiscale, moderniser la gestion des impôts et instaurer des taxes foncières via un cadastre national constituent d’autres pistes évoquées pour améliorer durablement les finances publiques.

Entre risques et opportunités

Avec une croissance économique prévue à 2,7 % et une inflation maîtrisée à 2,2 % en 2025 selon le FMI, Guillou Bitsutsu-Gielessen affirme que « le nouveau président élu Oligui Nguema dispose encore d’une marge de manœuvre. Il faudra tout de même engager une réforme , orthodoxe et structurée des leviers de l’État afin d’éviter au pays de rentrer en récession

Comme le conclut Guillou Bitsutsu-Gielessen, « sortir de l’endettement n’est pas un slogan : c’est un chantier de rigueur, de diversification et de gouvernance vertueuse ».  Un chantier que le président Oligui Nguema devra piloter avec méthode s’il veut inscrire durablement son mandat dans l’histoire économique du pays.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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