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Gabon : sans réajustements, la dette publique pourrait dépasser les 100% du PIB d’ici à 2029

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Si les perspectives de l’économie mondiale ont évolué favorablement au cours des derniers mois, elles ne doivent pas faire oublier la nécessité de modération budgétaire d’une part et l’obligation pour les pouvoirs publics « de maintenir le cap du rééquilibrage budgétaire dans un contexte d’endettement croissant » comme l’ont rappelé les analystes du Fonds monétaire international (FMI) en avril dernier d’autre part. Au Gabon comme dans d’autres pays d’Afrique subsaharienne, ces notions doivent être plus que jamais de mise étant donné les perspectives peu reluisantes à venir, eu égard, au niveau d’endettement projeté qui pourrait atteindre 84,6% en 2026 et 102,8% en 2029. 

Plus de 606,13 milliards de FCFA ordonnancés à fin mai 2024, selon le directeur général du budget et des finances publiques (DGBFiP). Un taux d’exécution de 24%, qui n’intègre pas les « dépenses payées sans ordonnancement par les services du trésor » et qui interroge sur l’efficacité des dépenses budgétaires alors que les autorités s’apprêtent à réviser la loi de finances et se sont engagées à rééquilibrer les comptes publics pour améliorer les perspectives économiques. C’est la problématique du moment. Comment éviter à l’Etat une banqueroute qui, dans l’état actuel des choses, teintée d’immobilisme en matière de gouvernance et d’expansionnisme budgétaire, lui tend les bras? 

En effet, pour se rendre compte à quel point la situation économique actuelle laisse planer le spectre d’une dégradation des principaux agrégats économiques, il suffit de jeter un œil sur les perspectives du pays sur les cinq prochaines années du FMI, basées sur les données fournies par les autorités gabonaises. Sur la période 2024-2029, la croissance économique ne serait que d’à peine un peu plus de 2,6% en moyenne, l’épargne brute nationale quant à elle n’atteindra même pas le seuil de 35%, preuve que la richesse créée et stockée au niveau national, ne devrait pas nous permettre de mettre un terme au cycle actuel et prévisionnel d’endettement. 

Un ratio dette/PIB a plus de 102% d’ici 2029

Autre point crucial dans cette dégradation annoncée de notre structure économique, le niveau d’endettement bien sûr. Sur la période sous revue, le stock de la dette publique devrait représenter 73,1% du PIB à fin 2024, 78,9% à fin 2025, avant de franchir les caps historiques de 84,6% en 2026, 90,5% en 2027, avant d’atteindre les 102,8% en 2029. Une situation économique peu reluisante donc, malgré les assurances des autorités qui tendent à minimiser l’impact du niveau d’endettement actuel et surtout du niveau expansionniste des dépenses, qui devrait logiquement augmenter pour permettre la réalisation et la mise en œuvre des projets structurants contenus dans le Plan national de développement pour la transition (PNDT). 

Étant entendu que ce ratio dette/PIB tient compte de revenus pétroliers basés sur des hypothèses optimistes, sans pour autant tenir compte de potentiels chocs exogènes, comme le souligne d’ailleurs le niveau d’endettement hors pétrole qui devrait en 2029 atteindre 142,1% du PIB, la seule issue pour les autorités serait d’effectuer de véritables ajustements budgétaires permettant de faire des économies substantielles. Économies qui offriraient au pays, la possibilité d’autofinancer un certain nombre de projets notamment les plus importants sans recours à des emprunts massifs sur les marchés internationaux, partant du principe que la notation souveraine hautement spéculative du pays, révèle d’autres failles. A charge donc aux autorités de prendre cette problématique par le bon bout, à défaut de brûler la chandelle par les deux bouts. 

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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