Gabon : note de crédit hautement spéculative, niveau d’endettement élevé et dépenses extrabudgétaires
En quête de reprise après une période de ralentissement en 2023, suite notamment à une série de perturbations logistiques et des incertitudes politiques, l’économie gabonaise doit cependant faire face à de nombreux défis. Une notation de crédit Caa2 attribuée par Moody’s, qui représente un niveau de crédit considéré comme très spéculatif avec une forte probabilité de défaut. Un niveau d’endettement élevé qui pourrait représenter jusqu’à 102% du PIB à l’horizon 2029. Des dépenses extrabudgétaires et des déséquilibres fiscaux. Autant d’éléments qui obèrent un retour à l’équilibre à moyen terme.
Avec une notation de crédit Caa2, qui représente un niveau de crédit considéré comme très spéculatif induisant une forte probabilité de défaut, le Gabon est perçu comme un emprunteur à haut risque. Ce qui devrait se traduire par des coûts de financement plus élevés sur les marchés internationaux et compliquer un peu plus la tâche des organismes d’intermédiation financière sollicités par les autorités. Cette situation devrait avoir un impact non négligeable sur la soutenabilité de la dette publique, d’autant plus que les obligations émises par le Gabon pourraient nécessiter des rendements plus élevés pour attirer les investisseurs.
Malgré cette situation à hauts risques, avec des investisseurs qui seront de plus en plus réticents à acheter des obligations émises par un pays comme le nôtre avec une notation aussi basse – on peut d’ailleurs s’en rendre compte, avec les difficultés du gouvernement à mettre en oeuvre l’opération d’emprunt obligataire par appel public à l’épargne d’un montant de 400 milliards de FCFA depuis des semaines -, malgré toutes ces difficultés, le numéro un gabonais multiplie les dépenses extrabudgétaires. 7 milliards de FCFA par province depuis le début de sa “tournée républicaine”, soit 49 milliards de FCFA. Toute chose tendant à augmenter les déséquilibres budgétaires.
Une nouvelle forme de pilotage à vue!
Si l’on y incorpore les voyages à grands frais effectués depuis son accession au pouvoir avec des délégations allant jusqu’à 200 personnes, l’absurde besoin de vouloir dans l’immédiat « répondre aux demandes refoulées en matière sociale et d’investissement et aux attentes populaires », les dérives budgétaires qui ont conduit à l’éviction de son “petit frère” de la direction générale du budget et des finances publiques, une politique d’investissements publics expansionniste alors que basée sur des hypothèses pétrolières hautement volatiles et un rachat d’Assala qui reste peu stratégique d’un point de vue empirique, puisque la gestion de Sogara et même de GOC démontre clairement l’inefficacité en la matière, on semble aller droit dans le mur.
Accentuant la pression sur les réserves de change ce qui pourrait grandement compromettre la stabilité financière et économique du Gabon, ce qu’a d’ailleurs confirmé le FMI en abordant la question de la dette dont les prévisions sur 2029 la font passer au dessus des 102% du PIB, toutes ces dépenses interrogent sur la capacité des autorités à ramener d’ici la fin de la transition, une forme de discipline budgétaire et d’orthodoxie financière. Le plan national de développement pour la transition (PNDT) qui passe de 4536 milliards de FCFA à 3696 milliards après révision, souligne d’ailleurs la cacophonie au sein d’un gouvernement aux allures de sauve qui peut, et qui pourtant, devrait miser sur une stratégie plus prudente notamment en se constituant des réserves pour l’avenir.