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Gabon: l’exode universitaire, un phénomène qui coûte de plus en plus cher à l’Etat

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Véritable phénomène social aux effets néfastes pour l’économie nationale, « l’exode universitaire » justifiée par l’inefficacité du système éducatif gabonais, s’est très vite muée en « fuite de cerveaux » qui croît. À telle enseigne que la prise en charge des allocations d’études explosent les caisses de l’État pendant que les étudiants bénéficiaires de cet appui font le choix de ne pas revenir au pays en dépit de l’engagement signé envers la patrie. 

Dans un contexte mondial rythmé par la crise sanitaire liée au covid-19, les étudiants gabonais s’expatrient de moins en moins pour poursuivre leurs études. Une situation qui pourrait même paraître salvatrice tant l’exode universitaire s’avère être un gouffre à sous et une perte en main d’œuvre qualifiée. En effet, au Sénégal, en France voire aux États-Unis, il n’est plus rare de constater que bon nombre d’étudiants expatriés ne rentraient pas chez eux à la fin des études. 

La faiblesse éducative comme raison

Ainsi, les études à l’étranger deviennent de facto l’un des canaux migratoires à travers le monde. Un état de fait déplorable tant ce « brain drain » littéralement traduit par « fuite de cerveaux », est préjudiciable aux pays du sud comme notre pays qui consent tout de même des efforts colossaux évalués à plus de 60 milliards FCFA par an pour assurer les études des ressortissants gabonais à l’étranger et ce, depuis 1967. 

Pour Iris Angèle Medzo Essono, Gérante du cabinet Iris consulting dédié à l’accompagnement académique, les causes explicatives de ces départs sont de deux ordres. « Je reste persuadé que les étudiants vont vers l’extérieur car notre pays n’offre pas les conditions d’études favorables. À cela s’ajoutent les insolubles grèves qui font qu’une année universitaire se fasse en 3 ans à l’UOB et même dans les écoles, le phénomène se répand », a-t-elle confié lors d’un entretien téléphonique.

Cahier d’un non-retour au pays natal 

Pourtant, celle qui a fait une partie de ses études au Gabon avant de s’installer en France, reconnaît à fine bouche, que la situation économique et le caractère éphémère de l’emploi ne sont pas de nature à attiser l’intérêt des diplômés à un retour au pays. « J’envoie chaque année des étudiants en France et ailleurs se faire former. Je tente de leur rappeler l’intérêt de revenir après leurs études. Mais la réalité est autre. Qu’est-ce qui les attend au Gabon ? », a-t-elle martelé.

D’un point de vue général, il revient que le non-retour des étudiants partis à l’étranger serait dû aux « pull factors » entendez par là, les facteurs d’attraction et les « push factors » traduits littéralement par facteurs centrifuges. Lesquels renvoient respectivement aux avantages en termes de salaire, conditions de vie ou de travail et aux difficultés de réinsertion dans le pays d’origine.

De la nécessité de rationaliser les dépenses de l’État par une étude cas par cas

« Tous les étudiants ayant réussi les examens du baccalauréat pouvaient prétendre à une bourse s’ils étaient acceptés dans une université publique ou privée, où que ce soit dans le monde », c’est en résumé le principe de l’octroi de bourses au Gabon. Toute chose qui conduit à ce que ces étudiants, au fait des réalités du pays, vont prioriser l’étranger au détriment des établissements locaux en proie à des grèves à répétition.

L’État gagnerait à repenser sa politique en orthodoxant le modèle universitaire. Ainsi, ne devrait obtenir les bourses d’études vers l’étranger dans les disciplines scolaires non dispensées au Gabon. C’est notamment le cas des matières spécifiques telle l’archéologie. Cela implique donc que le Pr. Patrick Mouguiama-Daouda remette à niveau l’ensemble des structures universitaires afin d’offrir à ces étudiants les formations qu’ils vont suivre loin quitte à ne plus revenir au bercail.

Pour rappel, défendant la révision des conditions d’attribution des bourses au Gabon, Jean De Dieu Moukagni Iwangou s’était borné à pointer l’irresponsabilité des étudiants. Sans proposer des solutions pérennes. « Nous avons constaté des effets pervers dans ces attributions de bourses : l’étudiant n’avait aucun intérêt à sortir du cycle universitaire donc pendant longtemps, l’État a financé l’absentéisme et l’échec », avait-il déclaré. Vivement que l’actuel Ministre de l’Enseignement supérieur explore d’autres voies.

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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