Gabon : l’exclusion absurde de l’AGUB du Comité national économique et financier
En dépit d’un droit de représentation au sein du Comité National Économique et Financier du Gabon (CNEF) qui lui est consacré par le règlement n°3 2019/CEMAC/UMAC/CM du 12 décembre 2019, l’Association gabonaise des usagers des banques (AGUB) en est jusque-là illogiquement exclue. Pourtant représentative d’une clientèle bancaire en constante progression ces dernières années, l’association dirigée par Gildas Ndzengue Mbomba, semble avoir volontairement été écartée par les décideurs dans une incompréhension totale et ce, malgré ses multiples relances. Une situation qui laisse planer le doute sur la probité des opérateurs bancaires et des régulateurs.
En 2022, l’ensemble des ressources collectées par le secteur bancaire a augmenté de 26,4% à 2 978,7 milliards de FCFA, tirées non seulement par la bonne tenue des dépôts des entreprises et de l’Etat, mais aussi par les dépôts des ménages qui ont atteint 716,9 milliards de FCFA, en hausse de 4% par rapport à 2021. En d’autres termes, les dépôts effectués par les ménages dans les établissements bancaires en 2022, représentent près du tiers du volume total. En conséquence, ils méritent clairement un droit de représentativité, qui est à ce jour porté par l’Association gabonaise des usagers des banques (AGUB). Lui offrant de facto un siège au sein du Comité National Économique et Financier du Gabon (CNEF), ce droit lui est expressément consacré par le règlement n°3 2019/CEMAC/UMAC/CM du 12 décembre 2019.
Pourtant, force est de constater que l’AGUB en est étrangement exclue. En effet, alors qu’elle censée servir d’organe représentatif des clients et des utilisateurs des banques avec un rôle principal: défendre les intérêts et les droits des usagers du système bancaire, l’association qui a récemment alertée le gouvernement sur les dérives liées au fléau des prêts à l’usure, est mise de côté. Les multiples relances à l’attention du ministre de l’Economie et des Participations, Mays Mouissi, depuis le mois de septembre, n’ont rien changé à cette situation. Seule éclaircie dans le brouillard, la possible audience qui selon nos sources, sera accordée au président de l’AGUB, par le directeur national de la Banque des Etats de l’Afrique centrale.
Une mise à l’écart qui ne se justifie pas
Malgré un rôle central qui est de représenter les intérêts des clients des banques en plaidant pour des pratiques équitables, la transparence et la protection des consommateurs au sein du secteur bancaire, tout chose impliquant de faire pression en faveur de changements réglementaires, de résoudre des problèmes liés aux frais, aux taux d’intérêt ou aux politiques bancaires qui affectent les clients, l’AGUB subit donc une mise à l’écart qui ne justifie pas. Or, le CNEF, qui réunit le gratin du monde de la finance avec notamment les ministres sectoriels et les instances de régulation que sont la COBAC ou la COSUMAF, est censée entre autres « émettre des avis, formuler des recommandations, mener des études ».
Des lourdeurs administratives en cause?
Capable de fournir des ressources pédagogiques et des informations aux utilisateurs des banques sur leurs droits, responsabilités et options au sein du système bancaire, l’AGUB semble le cas échéant et selon certaines indiscrétions, victime des nombreuses lourdeurs administratives et de la bureaucratisation qui pèsent sur notre service public. Au grand dam des usagers de banques qui se voient priver d’une voix dissonante au sein du CNEF. A l’heure des grands changements, de la restauration des institutions, il serait de bon aloi que les responsables de cette mise à l’écart se ravisent et fassent enfin, jouer à l’association, ce rôle crucial garantissant que les voix et les préoccupations des clients des banques soient entendues et prises en compte au sein du système financier au sens large.