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Gabon: le mariage à l’origine de la perte de 95% de manioc, selon une étude

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C’est la conclusion surprenante d’une étude menée par des chercheurs de l’université de Galway en Irlande et du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD). Publiée en juillet dans la célèbre revue scientifique Nature communications, cette étude démontre que la mobilité dans le mariage serait un vecteur de propagation de la mosaïque du manioc (CMD), une maladie virale qui menace cette plante et qui pourrait avoir des conséquences sur la sécurité alimentaire au Gabon.

Saviez-vous que les flux de personnes pourraient avoir un impact sur l’alimentation? Pourtant, cette hypothèse vient d’être posée par une étude autour de la mosaïque du manioc au Gabon. Les auteurs de cette investigation issus de l’université de Galway en Irlande et du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, la propagation des maladies du manioc est favorisée par les échanges de boutures entre populations frontalières et l’utilisation ou la réutilisation des boutures infectées par les producteurs pour renouveler leurs champs. 

Les chercheurs font donc allusion aux réseaux d’interaction sociale qui se créent au travers des mariages. A ce propos, Marc Delêtre, chercheur à l’université de Galway et co-auteur de l’étude déclare que « lorsqu’une femme se marie, elle rejoint son mari dans le village de celui-ci. Dans les sociétés matrilinéaires, prédominantes au sud du Gabon, elles emmènent avec elles des variétés de manioc cultivées par leur mère dans leur village d’origine. On a donc un transfert de variétés du village de l’épouse vers celui de l’époux ».

Cette étude étaye le postulat selon lequel la mosaïque du manioc est à l’origine de « 95 % de pertes sur une récolte ». Ce qui correspond à environ 1,2 milliard, voire 2,3 milliards de dollars chaque année. D’ailleurs, Claude K. Gnacadja, membre gabonais de l’équipe de chercheurs du programme West and central african virus epidemiology, soutenu par la Fondation Bill & Melinda Gates pour lutter contre la mosaïque du manioc et la striure brune du manioc. « Effectivement, la filière manioc au Gabon, comme dans la sous-région, est menacée par les maladies qui détruisent les plantations », a-t-elle confié à SciDev.Net.

L’heure est donc à la crainte pour les chercheurs agronomes. « Cette virose se propage principalement par l’utilisation des boutures infectées. Et si rien n’est fait, les baisses de rendement vont accentuer le déficit et peuvent engendrer de véritables problèmes d’alimentation pour les populations », met en garde l’équipe des chercheurs conduite par Jacques Mavoungou, directeur pays de WAVE au Gabon. 

Une situation qui devrait interpeller davantage Biendi Maganga-Moussavou, ministre de l’Agriculture. Car, faut-il rappeler que 80% de la population au Gabon consomme le manioc, rapporte Rodrigue Mintsa Nguema, chercheur au programme Wave. Désireux de pousser les investigations jusqu’à la racine, les chercheurs de Wave ont pu identifier la présence au Gabon des deux souches les plus répandues de la mosaïque à savoir ACMV et EACMV ainsi que les co-infections provoquées simultanément par les deux. Une réaction est attendue.

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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