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Gabon : le Génie militaire mué en entreprise d’exploitation de sable ?

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C’est ce qui ressort du rapport ITIE réalisé par le cabinet britannique Moore Insight. Dans la liste des entités disposant de permis d’exploitation de carrières de sable, de latérite ou encore de granite, on retrouve le Génie militaire gabonais. Chargée d’exécuter des travaux d’infrastructures au profit des forces de défense et de la population pour « renforcer le lien armée-nation », cette unité de défense semble jouir d’une véritable autonomie voire de passe droit puisqu’elle dispose d’au moins 21 permis d’exploitation de carrières, alors même qu’elle est peu visible sur le terrain. 

13 opérateurs, 19 autorisations, le tout sur pas moins de 59.169 Km² pour le sable. 6 opérateurs, 10 autorisations, sur 4.43 Km² pour la latérite. 12 opérateurs, 15 autorisations, le tout sur 43.9165 Km² pour le gravier. En tout, ce sont pas moins de 107 km² de carrières diverses qui sont exploités sur le territoire selon les données de 2021, fournies à travers le rapport du cabinet Moore Insight. Dans ce magma, le Génie militaire dispose, à lui seul, de pas moins de 21 permis d’exploitation à la fois de sable, de latérite et de granite, trois éléments devant lui permettre de résoudre à minima les difficultés en termes d’infrastructures du pays. 

Les missions du Génie militaire détournées ?

Néanmoins, en dépit de ces 6 km² de carrières en exploitation dont 5,52 pour la sable, cette unité de défense créée en 2002 puis réorganisée en 2010, chargée notamment d’exécuter des travaux d’infrastructures au profit des forces de défense et de la population pour « renforcer le lien armée-nation », n’est que trop peu visible sur le terrain comme on pourrait s’y attendre. Malgré le besoin criant en infrastructures, notamment routières, cette unité chargée entre autres de planifier, réaliser ou faire réaliser des travaux d’infrastructures au profit des forces de Défense, de l’Etat et des collectivités locales, reste en retrait. 

Alors qu’elle aurait pu se muer en entité dédiée à la réfection de voiries urbaines puisqu’elle en a à la fois les compétences et les moyens, cette unité semble plutôt se contenter d’un rôle de manœuvre génie civile de la défense nationale, voire d’entreprise privée financée sur fonds publics. Compte tenu du fait que l’Etat gabonais consacre pas moins de 150 milliards de FCFA par an aux forces de défense, les populations seraient en droit d’attendre de cette unité, un peu plus de vigueur et de réalisations. Hélas, à l’image des nombreux services étatiques, le Génie militaire semble bien plus se mettre au service du sommet que du bas de l’État.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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