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Gabon : le Cercle des patrons de presse réclame un audit immédiat sur la subvention 2024

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Le 1er mai 2025, alors que le Gabon célébrait la Fête du Travail, le Cercle des patrons de la presse privée en ligne (CPPPL) a tenu à briser le silence. Dans une déclaration virulente, l’organisation patronale a ouvertement dénoncé la gestion de la subvention à la presse par la ministre Laurence Ndong, pointant du doigt des incohérences graves, des pratiques opaques et des dérives clientélistes qui entachent la réforme voulue par le président élu Brice Clotaire Oligui Nguema.

Une gestion trouble et des chiffres qui ne collent pas. «  La subvention est devenue le terreau de la fraude et de la corruption  », affirme le CPPPL dans sa déclaration, accusant la ministre de la Communication de se livrer à un véritable “passement de jambe politique”. En lieu et place de la transparence attendue, c’est un flou budgétaire manifeste qui entoure la répartition des 500 millions FCFA alloués à la presse pour 2024.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Officiellement, seuls 69 médias auraient été retenus selon le ministère. Mais le CPPPL, après vérification, ne recense que 42 médias en ligne et 27 en presse écrite, soit 69 au total, sans que les critères d’éligibilité ne soient précisés. Pire, les montants avancés posent problème : sur les 500 millions promis, 117,5 millions FCFA auraient été ponctionnés entre frais du Trésor et perdiems versés aux membres de la Commission. Pourtant, 527,5 millions auraient été répartis selon les chiffres annoncés lors des réunions, soit 27,5 millions de plus que prévu. Une aberration comptable à laquelle aucune explication sérieuse n’a été donnée.

Le CPPPL exige un audit et une Commission indépendante

Face à ce qu’elle considère comme une insulte à la réforme de la gouvernance engagée par le CTRI, l’organisation patronale monte au créneau et exige : La publication intégrale de la liste des bénéficiaires ; La mise en place d’une Commission indépendante de répartition, incluant la HAC, des représentants du ministère et des associations professionnelles ; Un audit complet de la subvention 2024, afin de faire toute la lumière sur ce qu’elle considère comme un “dérapage organisé”.

Dans un passage particulièrement acide, le CPPPL dénonce une mascarade de concertation : « L’Unesco, l’OIF et la Primature, annoncées comme observateurs, ont décliné les perdiems et n’ont même pas participé à la répartition ». Un désaveu cinglant, qui décrédibilise davantage la ministre.

Une interpellation directe au président élu

Le CPPPL ne se contente pas de dénoncer. Elle interpelle directement le président élu Brice Clotaire Oligui Nguema : « La date du 3 mai 2025 choisie pour votre investiture coïncide avec la Journée mondiale de la liberté de la presse. Ce symbole ne doit pas être galvaudé par des pratiques dignes de l’ancien système ».

En conclusion, la déclaration du CPPPL sonne comme un avertissement : si rien n’est fait, la revalorisation de la subvention à la presse – de 123 à 500 millions – risque de perdre toute sa légitimité. Pire, elle pourrait apparaître comme un outil de contrôle déguisé, plutôt qu’un soutien à l’indépendance des médias. À Laurence Ndong de réagir. Ou de partir.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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