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Gabon : exil des Bongo, Joël Ngoueneni Ndzengouma réclame une Commission Justice, Vérité et Réconciliation

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Alors que l’arrivée de l’ancien président Ali Bongo Ondimba, de son épouse Sylvia Bongo et de leur fils Noureddin à Luanda, en Angola, continue de susciter stupeur et indignation au Gabon, certaines voix politiques plaident pour une réponse institutionnelle forte. Parmi elles, celle de Joël Ngoueneni Ndzengouma, président fondateur du 7MP (Mouvement Pour la Moralisation de la Politique), qui s’alarme d’un possible enterrement des aspirations à la justice.

« Et maintenant, on fait comment ? ». Dans une déclaration incisive publiée ce 17 mai, Joël Ngoueneni Ndzengouma revient sur la sidération provoquée par le départ discret de la famille Bongo vers l’Angola. Il y voit une occasion manquée, et surtout une mise entre parenthèses du nécessaire exercice de vérité sur les traumatismes récents de la nation. « Ces faits sont de nature à soulever des questions politiques fondamentales, à propos des valeurs sur lesquelles le Gabon va asseoir l’édifice nouveau à bâtir », déclare-t-il.

Face au silence officiel, il s’interroge : « Maintenant qu’Ali Bongo et sa famille sont partis, on fait comment ? » Une interrogation lourde de sens, qui pose le débat sur la place de la justice dans la Vème République, au regard des événements de 2016 et de l’ère Bongo.

Une commission enterrée avant d’avoir vu le jour

Depuis le coup d’État du 30 août 2023, l’élu du Parlement de Transition ne cesse d’interpeller les autorités sur la nécessité de mettre en place une Commission Justice, Vérité et Réconciliation. À plusieurs reprises – à la tribune de l’Assemblée nationale, sur les ondes de Radio Gabon, ou encore via ses déclarations publiques – il a rappelé l’importance de créer un espace officiel pour instruire les drames passés, panser les blessures et juger les responsabilités.

« Malheureusement, nos voix n’ont été ni relayées, ni entendues, comme si ce n’était qu’une question subsidiaire », regrette-t-il, tout en soulignant qu’Alain-Claude Bilie-By-Nze avait été l’un des rares candidats à en faire un point de campagne. Une promesse de justice étouffée par le poids des intérêts ou, peut-être, par un calcul politique dont les citoyens paient aujourd’hui le prix.

« La justice élève une nation » : à l’épreuve des actes

Joël Ngoueneni Ndzengouma n’oublie pas la promesse du président élu Brice Clotaire Oligui Nguema, qui avait affirmé, lors de son investiture, que « la justice élève une nation ». Mais pour l’instant, dit-il, « la place des valeurs est toujours au bout du village, et non au centre ». L’affaire Bongo agit dès lors comme un révélateur de la profondeur des réformes institutionnelles promises.

Si aucune réponse judiciaire crédible ne vient, la rupture républicaine tant espérée pourrait ne rester qu’un habillage de continuité. Pour Joël Ndzengouma, une chose est claire : « la mise en place de la Commission Justice, Vérité et Réconciliation reste une urgence morale et politique ». Alors que les Gabonais digèrent encore ce départ nocturne vers Luanda, la question du pardon, de la justice et de la mémoire nationale reste, elle, posée. Et peut-être plus vive que jamais.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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