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Gabon : des femmes célébrées et trop vite oubliées

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Le 17 avril 2025, le Gabon a commémoré la Journée nationale de la femme, placée sous le thème évocateur : « L’engagement communautaire pour l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes ». Une journée qui semble offrir une tribune aux femmes, mais qui, comme les précédentes, n’aura qu’un effet éphémère. Car, au quotidien, la réalité est douloureuse, la femme gabonaise demeure en grande partie invisible.

Célébrer les femmes équivaut à un acte symbolique fort ; cependant, cela demeure largement insuffisant. En dehors des dates emblématiques comme le 8 mars et le 17 avril, les occasions où les femmes occupent le devant de la scène se font rares, à l’exception des débats politiques. Cette situation est d’autant plus regrettable que les femmes sont souvent victimes de violences qu’il conviendrait de dénoncer sans réserve.

Des femmes qui brillent dans l’ombre

Les femmes gabonaises sont confrontées à une multitude de violences : abus sexuels, harcèlement, agressions physiques, incestes. Des drames tragiques, souvent tus, comme celui de la jeune Bride, âgée de 14 ans, poussée au suicide après avoir été violée par des membres de sa propre famille. Que dire des féminicides qui ont émaillé l’année 2024 ? L’assassinat brutal de Blanche Moabi, le meurtre de Jessica Marcy ou l’agression de Béatrice Zang ne figurent que parmi tant d’autres tragédies. Hélas, les célébrations annuelles de la femme ne suffisent pas à provoquer un changement significatif, tant demeure difficile pour les femmes de se mobiliser et de revendiquer leur existence tout au long de l’année.

Par ailleurs, ces mêmes femmes subissent des violences dans les établissements de santé et se heurtent au scepticisme lorsqu’elles expriment des douleurs liées à leur cycle hormonal. Dans une société encore profondément patriarcale, leur place est souvent remise en question. Oui, il est essentiel de célébrer la femme, mais pour combien de temps encore ? Même lorsqu’elles accèdent à des postes décisionnels, trop souvent, elles se voient reléguées au second plan, tandis que les hommes imposent leur présence. Tragiquement, au lieu d’être évaluées selon leurs compétences, les femmes sont fréquemment jugées sur leur apparence physique ou la qualité de leurs coiffures mises en avant sur les réseaux sociaux.

Briser le silence, la clé de l’autonomisation

La valorisation des femmes passe par des actions concrètes, à commencer par l’engagement à prendre la parole et à dénoncer les injustices. Les cas de viols, bien trop souvent rapportés dans les faits divers, devraient déjà suffire à mobiliser. Pourtant, malgré l’existence de lois, le silence s’avère être un obstacle majeur à l’émancipation des femmes, qu’elles soient victimes ou non. Il est grand temps que cela évolue. Les voix des femmes ne devraient pas se limiter à un jour sur le calendrier, mais résonner tout au long des 365 jours de l’année.

Geneviève Dewuno Edou

Diplômée en journalisme,je suis chargée des rubriques Santé en plus d’être l’une des voix derrière de nombreux reportages de GMTtv. L'écriture, la pose de voix, la présentation du Journal télévisé sont les principales tâches que j’exécute et pour lesquelles je mets mes capacités au quotidien au profit de la rédaction de Gabon Media Time.

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