Gabon : des arriérés de dette dissimulés par le régime Ali Bongo selon Moody’s
Si la situation de l’endettement en 2024 est aussi désastreuse d’un point de vue comptable, c’est en grande partie du fait d’importants déséquilibres budgétaires qui se sont considérablement aggravés sous l’ancien régime. Entre dépenses excessives et investissements peu structurants, l’administration d’Ali Bongo a opéré une accumulation rapide d’arriérés. Plus grave encore et comme il fallait malheureusement s’y attendre, elle a également dissimulé une bonne partie de ses arriérés de paiement. Résultat des courses, au lieu des 56% d’endettement par rapport au PIB qui avait été annoncé, le stock de la dette publique représente en réalité plus de 70,5% du PIB à ce jour.
70,5% du PIB en 2024, au-dessus du plafond de la CEMAC. Le chiffre fait froid dans le dos et il ne devrait pas s’améliorer au regard des perspectives peu reluisantes annoncées par les partenaires techniques et financiers. S’il tient compte des velléités d’investissements expansionnistes des autorités actuelles, ce chiffre provient surtout des dérives autocratiques de l’administration précédente. Il faut dire qu’Ali Bongo qui engloutissait jusqu’à 4 milliards de FCFA pour l’entretien de sa flotte de véhicules par année, et sa suite, n’y sont pas allés de main morte en matière de dépenses avec des dérapages budgétaires conséquents.
Une partie des arriérés de paiement dissimulée
En effet, si dans l’avenir, les perspectives seraient confrontées à des risques majeurs comme l’a récemment affirmé le Fonds monétaire international (FMI), c’est principalement dû à une gestion peu orthodoxe et pour ainsi dire, irresponsable. Pour preuve, selon les analystes de Moody’s, cités par nos confrères du très introduit Jeune Afrique, une bonne partie de la dette, ou plus précisément des arriérés de paiement, aurait été dissimulée. Une situation qui plonge un peu plus notre économie dans une profonde incertitude eu égard notamment aux perspectives alambiquées de l’économie mondiale et notamment de nos principaux partenaires bilatéraux dont la Chine, actuellement en déflation et qui pourrait connaître un ralentissement économique prolongé.
Des risques de défaut de paiement ?
Quand on sait que cacher des arriérés de paiement de la dette peut avoir de graves conséquences pour un État comme on le voit déjà avec l’abaissement de la note de crédit par l’agence de notation américaine Moody’s, limitant un peu plus notre accès aux marchés financiers internationaux. Quand on sait quel impact de tels agissements peuvent avoir sur la confiance des investisseurs en plus de l’effet boule de neige qui induit des paiements d’intérêts et des obligations financières qui pourraient augmenter de manière incontrôlable, difficile de comprendre une telle indiscipline budgétaire, pour une administration qui a connu quasiment deux booms pétroliers en 14 ans.
Sachant que l’accumulation de dettes cachées a le pouvoir de paralyser les services publics, le développement des infrastructures et les programmes sociaux comme ceux que tentent désespérément de mettre en œuvre les autorités actuelles, qu’elle peut avoir un impact colossal sur la souveraineté du pays avec des créanciers qui peuvent imposer des conditions ou des interventions strictes pour stabiliser les finances de l’État, en plus de l‘érosion de la confiance du public dans les institutions et les fonctionnaires gouvernementaux, cette attitude d’Ali Bongo and Co. est purement machiavélique.