Gabon : Barro Chambrier nie toute contrepartie financière à la libération de Sylvia et Noureddin Bongo

Dans un entretien accordé ce samedi 17 mai à Radio France Internationale (RFI), le vice-président du gouvernement gabonais, Alexandre Barro Chambrier, a tenté de calmer la polémique autour du départ nocturne de l’ancien président Ali Bongo Ondimba et de sa famille vers l’Angola. Alors que les réseaux sociaux bruissent de soupçons d’un accord secret entre Libreville et Luanda, l’ancien ministre du Pétrole a démenti toute contrepartie politique ou financière liée à la réintégration du Gabon dans l’Union africaine.
Face à l’indignation d’une partie de l’opinion publique, notamment relayée par le député de la Transition Geoffroy Foumboula Libeka, Barro Chambrier a voulu se montrer ferme : « Je ne crois pas qu’il y ait un lien de causalité entre cette libération et notre réintégration. » Une déclaration qui, toutefois, ne convainc pas tous les observateurs, tant les circonstances de l’exfiltration de Sylvia et Noureddin Bongo, en pleine nuit, dans le silence des autorités, interrogent.
Une libération sous le sceau du judiciaire ?
Le vice-président a renvoyé la responsabilité de cette libération au pouvoir judiciaire, évoquant les raisons de santé mises en avant par le procureur général. « Il faut respecter la séparation des pouvoirs », a-t-il martelé, éludant le fait que l’annonce officielle de la sortie de prison n’est jamais venue des canaux institutionnels gabonais, mais d’un communiqué de la présidence angolaise.
Pour Alexandre Barro Chambrier, la mesure reste provisoire et n’efface pas les procédures judiciaires en cours. Mais la simultanéité entre ce transfert et le retour du Gabon dans les instances de l’Union africaine continue d’alimenter les doutes. Un flou maintenu, malgré les demandes insistantes d’explications de la part de la société civile.
Aucune contrepartie financière selon le gouvernement
Interrogé sur les rumeurs évoquant une restitution de fonds cachés à l’étranger par les Bongo, qui aurait permis leur départ, Alexandre Barro Chambrier a coupé court : « Vous avez une imagination fertile. Ce ne sont pas des assertions prouvées. » Une réponse qui en dit long sur la gêne manifeste au sommet de l’État face à une affaire que l’exécutif peine à maîtriser, tant sur le fond que dans la communication.
Alors que le pays se veut engagé dans la restauration de l’État de droit et la lutte contre l’impunité, cette affaire fait tache. D’autant plus que, malgré les multiples déclarations d’intention sur la rigueur, aucun responsable majeur n’a encore été condamné dans les scandales liés à la gestion du régime Bongo.
Une fracture politique persistante
Cette séquence relance le débat sur la cohérence du discours de rupture porté par la Transition et la jeune Vème République. Dans l’imaginaire collectif, la promesse de justice pour les crimes économiques et politiques des années Bongo semblait scellée. La sortie précipitée de ceux qui incarnaient ce système laisse désormais planer un doute profond sur la sincérité de cet engagement.
Alexandre Barro Chambrier, tout en insistant sur la nécessité d’une gouvernance rigoureuse, devra désormais composer avec un discrédit latent. Car au Gabon, au-delà des mots, les actes sont attendus. Et la justice, promise, doit être rendue.
GMT TV