Gabon : après le pétrole avec Assala, le Suisse Trafigura lorgne le secteur gazier
Impliqué dans le deal Assala aux côtés de British Petroleum, avec qui il vient de présenter une offre financière officielle aux autorités, le négociant Trafigura pourrait devenir un partenaire de choix pour notre pays. Et pour cause, après le secteur pétrolier où il joue des coudes avec ses principaux concurrents que sont Vitol et Gunvor, le groupe aux 3,1 milliards de dollars US de résultat net en 2021, pourrait très rapidement basculer dans le secteur gazier. Un secteur pour lequel il n’a jamais caché son intérêt.
Les réserves de gaz prouvées au Gabon sont estimées à 29 milliards de mètres cubes. Présents sous forme de gaz associé, ce potentiel était jusqu’à la mise en service de l’usine Perenco de Batanga, encore inexploité. Il faut dire qu’environ 90% de la production de gaz était réinjectée dans le sous-sol ou brûlée faute de débouchés. L’usine qui produira à terme 15 000 tonnes par an de GPL, soit environ 35% de la consommation nationale, inaugurée par le président de la transition en décembre dernier, s’inscrit donc dans une dynamique de développement de cette filière gazière.
Celà tombe bien, puisqu’en plus de Perenco et son usine de Batanga, d’autres investisseurs montrent un intérêt grandissant pour ce secteur. C’est le cas du trader pétrolier Trafigura qui a récemment présenté une offre financière pour le rachat des actifs d’Assala Energy aux côtés de Gabon Oil Company (GOC). Partenaire stratégique du Gabon à travers la Société gabonaise de raffinage (Sogara) et la Société gabonaise d’entreposage de produits pétroliers (SGEPP), l’entreprise basée à Singapour n’a jamais caché son intérêt pour le gaz gabonais.
Trafigura fortement intéressée par le secteur gazier
Sous le régime déchu, des discussions avaient déjà eu lieu. D’ailleurs, Hadi Hallouche, actuellement Chief Executive Officer (CEO) de Puma Energy chez Trafigura, indiquait il y a quelques années que « le secteur gaz nous passionne beaucoup. Avec des émissions en gaz à effet de serre et en souffre moins importantes, le gaz est absolument le fuel de la transition ». Pour rester sur ce terme qui sied parfaitement avec la période actuelle que traverse le Gabon, le négociant pétrolier pourrait donc en cas de conclusion du deal avec GOC sur Assala, profiter de l’occasion pour intégrer avec un autre partenaire, cette niche particulièrement intéressante à divers points de vue.
« Prêts à accompagner le Gabon qui a d’importantes réserves pour qu’il devienne exportateur dans le domaine » comme le confirmait également Hadi Hallouche, Trafigura qui jouit d’une belle cote auprès des autorités gabonaises, pourrait donc s’avérer être un partenaire stratégique pour la transition verte et surtout la transition économique. Le gaz étant encore torché sur de nombreux sites pétroliers alors même qu’il peut largement contribuer à réduire le déficit énergétique tout en créant de nouvelles chaînes de valeur, pourrait donc être une nouvelle source de profit capable de concurrencer le pétrole et les minerais.
Le Gabon qui en possède d’importantes réserves, pourrait logiquement s’appuyer sur ces partenaires techniques et financiers pour en favoriser l’extraction et l’exportation, évitant au passage le gâchis de cette ressource capable de générer des revenus importants pour le gouvernement grâce aux taxes, aux redevances et aux accords de partage de production avec les sociétés énergétiques. Des revenus qui pourront par la suite être utilisés pour financer des projets d’infrastructures publiques, des programmes sociaux et d’autres initiatives de développement dont on a grandement besoin.