Gabon : à 396,6 milliards, les dépenses de biens et services continuent de crever le plafond
La gestion des dépenses de biens et services dans l’administration publique n’est pas à prendre à la légère. Elle participe à renforcer ou décrédibiliser la gestion de l’économie d’un pays, à renforcer ses acquis et rassurer ses partenaires techniques et financiers. A Singapour par exemple, qui est un modèle reconnu pour son efficacité et sa transparence, plusieurs pratiques et mécanismes sont mis en place pour assurer une gestion rigoureuse et efficace des ressources publiques. Au Gabon par contre, la stratégie s’inscrit à l’opposé.
Peut-on réellement envisager un nouveau cycle de dépenses de biens et services dans le pays alors que le processus de passation de marchés publics reste embrigadé dans le gré à gré ? Peut-on réellement envisager des dépenses de biens et services chiffrées en centaines de milliards de FCFA alors que le cycle budgétaire ne dispose pas ou très peu de prévisions détaillées et d’évaluations des besoins ? Peut-on réellement envisager des dépenses de biens et services chiffrées à plus de 396,6 milliards de FCFA dans un contexte de risques de liquidités et sans un alignement précis aux objectifs de développement stratégique du pays?
C’est pourtant ce qui vient d’être fait par le gouvernement de transition. Hausse inconsidérée du budget de l’État dans la Loi de finances rectificative qui passe d’un niveau historique à plus de 4162 milliards de FCFA, à un niveau encore plus historique à près de 4400 milliards de FCFA. Hausse des dépenses budgétaires qui atteindront à fin décembre 2588,9 milliards de FCFA contre 2331,2 milliards de FCFA prévus dans la loi de finances initiale. Ces dépenses, déjà onéreuses en dépit des récriminations des partenaires techniques et financiers, sont entre autres composées de 396,6 milliards FCFA de dépenses de biens et services.
Des dépenses de biens et services en hausse de 40%
En hausse de 40% du fait de la forte augmentation des dépenses liées au référendum (+27 milliards FCFA), des remboursements de la TVA (+30,7 milliards FCFA) et des besoins additionnels de l’administration publique (+48,0 milliards FCFA), ces dépenses de biens et services interrogent l’opinion sur leur nécessité et surtout leur efficacité. D’autant plus que le processus de passation des marchés peine à être ouvert et transparent pour l’acquisition de biens et de services dans le pays comme susmentionné. Une autre question demeure : quelles dépenses effectuera le gouvernement avec ce montant ?
Quels types de besoins additionnels pourraient avoir une administration publique qui vient d’augmenter sa masse salariale à 771 milliards de FCFA ? Quels types de dépenses chiffrées à 48 milliards de FCFA vont-elles être effectuées pour cette administration publique gangrénée par la corruption et présentée par les organismes internationaux, dont la fondation Mo Ibrahim, comme inefficace ? Un référendum au Gabon peut-il réellement coûter 27 milliards de FCFA ? Dans un contexte de transition, avec des dettes et dépenses cachées par le régime déchu, un tel niveau de dépenses aurait dû faire l’objet d’une évaluation plus rigoureuse et objective, ce qui a y regarder de près n’a pas été le cas.