Gabon: à 2 ans des prochaines élections, le pays à la croisée des chemins
A deux ans des prochaines consultations présidentielles au Gabon, il y a comme une impression de situation figée politiquement. Les forces en présence ne brillent beaucoup plus que par leur inaptitude à incarner ce qu’elles sont supposés représenter dans le fonctionnement du jeu démocratique. Et ce au grand dam du pays qui est depuis dans un immobilisme préjudiciable aux conséquences inestimables et des populations qui n’ont plus aucune visibilité ni lisibilité de la gestion de la chose publique (si tant est qu’elles en aient jamais eu une). Constat si amer qu’il a même douché les ambitions politiques de certains individus qui n’ont pour toute expérience politique que leur patronyme.
Côté PDG, parti au pouvoir on nous présente 2 visages : d’abord celui du gouvernement dont la majorité des ministres sont issus. Là il n’y a que l’embarras du choix, entre un État impotent et semble-il fier de l’être ; l’immobilisme, l’inaction et a contrario une inflation communicationnelle sans précédent. Sur le plan des réalisations et des nombreuses promesses faites aux Gabonais, elles n’engagent que celles et ceux qui y ont cru. Le gouvernement n’en a cure. Même le rapport de Mays Mouissi et Harold Leckat Igassela suffisamment détaillé n’a pas réussi à les faire sortir de leur léthargie.
Quant au parti, il est tel qu’en lui-même, dans son jus. Fidèle à leur matrice, inscrivant les élections et notamment l’élection présidentielle comme horizon indépassable. Prévisible, il pense toujours et d’abord à la prochaine élection sans jamais penser à la génération d’après. Plus que jamais partidaire, cela se traduit sur le terrain par des petites politiques politiciennes à la petite semaine, avec des opérations d’OPA ou de fusion/absorption, suivant leurs éléments de langage, de partis politiques proches de la majorité tout en orchestrant des opérations de transhumance d’anciens barons du régime passés à l’opposition. Tout un programme !
Côté opposition le visage n’est guère reluisant non plus. Mieux 5 ans après le rassemblement autour d’une candidature unique historique, la coalition ayant découlé, on le découvre, ne reposait sur aucune base solide permettant ne serait-ce qu’encadrer les agissements des uns et des autres au sein de ce mouvement qui a vu s’agréger de milliers de Gabonais en quête d’alternance. Résultat des courses, d’errements en incohérences la coalition inaudible et apathique assiste impuissante à sa désintégration. Certains parmi ceux qui représentaient les figures de proue du mouvement s’en sont retournés avec armes et bagages et toute honte bue dans leurs girons pdgistes tels des « fugueurs » sur le retour. Le tout sous les regards ahuris de Gabonais désabusés. Tout ça pour ça !
Rien de tout ce qui précède ne nous surprend tant c’est notre lot depuis plusieurs décennies. Le cycle se rejoue donc comme une fatalité et nourrit le défaitisme résigné des « on va encore faire comment ». Cependant, une question mérite d’être posée : doit-on, alors que nous sommes la proportion de population la plus grande du pays (54,6 % ayant moins de 25 ans) se draper tous dans cette espèce de posture de pessimisme ambiant et de résignation, ou alors relever la tête et être la solution au problème de ce pays, en initiant un grand mouvement de « dégagisme » de cette classe politique impotente et totalement inutile au développement du pays autant qu’aux aspirations des Gabonais ? Il ne fait aucun doute qu’en l’état actuel des choses et des conséquences qui en découleraient, c’est la deuxième option qui inspirera des Gabonais assoiffés d’alternance par instinct de survie autant que par sursaut patriotique. Et dans cette perspective se trouve justement une perche tendue par une formation politique formée en 2018 par de jeunes dont l’engagement politique force autant l’adhésion que l’admiration : Pour Le Changement (PLC).
Formation politique co-présidée par Elza Ritchuelle Boukandou et Nicolas Nguema, ex cadres d’Union et solidarité (US) qu’ils ont quitté en dénonçant justement le rapprochement contre nature de leur mentor et président d’alors, avec le parti au pouvoir. Signant par-là même le premier acte du ‘’dégagisme’’ d’une classe politique girouette et trop encline à transhumer d’un camp à un autre au gré de leurs intérêts personnels. Ces jeunes leaders ont pour eux la particularité de n’avoir jamais adhéré ni de près ni de loin au parti dit de masse qu’ils ont au contraire, toujours combattu et dénoncé tout ce qu’ils considèrent comme des dérives.
Fort de cette virginité qui a de quoi surprendre et qui s’apparente à une vertu dans un landernau politique gabonais ou se mêle accointance, compromission, népotisme et mélange de tous les genres, le PLC a tout pour être le fer de lance de ce dégagisme que les Gabonais appellent de leur voeu. Et ce plus que jamais, au moment où le gouvernement s’est une fois encore illustré en chantre de la division en choisissant d’écarter de potentiels adversaires politiques notamment ceux de la diaspora, en restreignant les conditions d’éligibilité à la présidence de la république.
Une disposition en totale contradiction avec les incantations sans cesse serinées par le même gouvernement sur « l’égalité des chances » et d’un « Gabon appartenant à tous les Gabonais » comme le répétait encore Ali Bongo à la veille du 61eme anniversaire du Gabon. Autant d’incongruités qui placent le pays à la croisée des chemins et laisse présager une élection présidentielle 2023 mettant aux prises patriotes défendant plus que jamais la patrie et des traîtres à la nation prêt à tout pour conserver le pouvoir.
K.R
Citoyen gabonais