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Gabon : 25 milliards par an de baux administratifs, l’État veut stopper l’hémorragie !

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Engagé dans une politique de rationalisation des finances publiques, le gouvernement entend mettre fin à une aberration budgétaire : la location à prix fort de bâtiments privés pour loger ses services. En première ligne, le projet de reconquête foncière de la Plaine Orety apparaît comme le symbole de cette volonté affichée de reconquérir la souveraineté immobilière de l’État.

Un gouffre financier de 25 à 30 milliards de FCFA par an. C’est un chiffre qui interpelle. Chaque année, le Trésor public débourse entre 25 et 30 milliards de FCFA pour le paiement de baux administratifs. Une charge jugée « insoutenable » dans le contexte économique actuel, selon les mots du conseiller spécial et porte-parole de la Présidence de la République, Théophane Nzame-Nze Biyoghe, lors de sa conférence de presse du 4 juillet 2025. Face à cette hémorragie financière, l’État entend désormais construire ses propres infrastructures sur des terrains domaniaux, à commencer par la zone stratégique de Plaine Orety.

Classée d’utilité publique depuis 1976, cette vaste étendue au cœur de Libreville devait à l’origine accueillir de grands projets structurants, comme le boulevard Triomphal. Elle a été partiellement occupée au fil des années, souvent sans respect des normes d’urbanisme, transformant progressivement cette zone d’intérêt national en enclave urbaine sous-louée à prix d’or par l’État.

Réaménager pour économiser et asseoir l’autorité de l’État

« Le Président de la République suit personnellement l’évolution du dossier Plaine Orety », a précisé Théophane Nzame-Nze. Une commission spéciale présidée par le Vice-Président de la République, Dr Séraphin Moundounga, a été instituée pour encadrer ce réaménagement. Sa mission : évaluer, auditer, planifier et libérer progressivement les espaces concernés, tout en assurant le respect des droits des occupants.

Trois réunions ont déjà été tenues, une quatrième est attendue dans les prochains jours. Cette approche progressive et inclusive vise à éviter toute brutalité administrative tout en rappelant la nécessité pour l’État de reprendre la main sur son foncier. Le mot d’ordre est clair : « rationaliser les finances publiques et renforcer notre souveraineté immobilière ».

Une réforme structurelle aux multiples retombées

Au-delà de l’objectif budgétaire, cette opération marque un changement de paradigme dans la gestion de l’État. Il ne s’agit plus seulement de réduire les charges, mais de réaffirmer la capacité de l’administration à planifier et à maîtriser son espace urbain. La reconversion de Plaine Orety en zone d’utilité publique relancée permettra, à terme, l’implantation de bâtiments publics modernes, sécurisés et moins coûteux, tout en libérant le budget de charges locatives abusives.

Cette réforme immobilière, qui s’inscrit dans la ligne des engagements pris par Brice Clotaire Oligui Nguema, montre que le Gabon veut désormais faire rimer gestion publique avec efficacité, sobriété et souveraineté. Un signal fort, à l’heure où le pays tente de reconstruire ses fondations institutionnelles.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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