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Douze ans après la mort de l’apôtre de la Restauration de l’Etat, celle-ci aura-t-elle lieu ?  

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 Au moment où notre pays entame l’écriture de l’une des pages les plus importantes de son histoire, au  moment où les espoirs nés au sortir du coup dit de « la liberté » sont contrariés par les déceptions liées à  l’exercice du pouvoir, il est bon de rappeler à la conscience collective, que sur le chemin de la restauration,  un de nos illustres devanciers a balisé le sentier… !  

 Disparu il y a 12 ans maintenant, Pierre Mamboundou Mamboundou dont la dernière bataille politique  a été menée sous les couleurs de l’Alliance pour le Changement et la Restauration, a légué à la postérité  un constat éclairé du mal gabonais et ouvert un sentier pour sa guérison à travers des idées qui n’ont  jamais autant été d’actualité. De ce fait, sachant que « nous ne vivons pas seulement à notre époque [mais  que] nous portons toute notre histoire avec nous » (Jostein Gaarder), il est utile de maintenir en éveil les  mémoires des nouveaux tenants du pouvoir, pour que plus jamais nous ne vivions les mêmes déboires.  

« Les racines du mal : le parti, les alliances avant la patrie. »  

 S’il est vrai que les 5 dernières années ont donné lieu à un recul sans égal de la démocratie et de l’État  de droit, à une hausse sans précédent des scandales financiers mettant en cause des proches du « Raïs »,  à une vassalisation de l’appareil étatico-judiciaire, il serait malhonnête de ne pas reconnaître qu’elles s’inscrivaient dans la lignée des 7 premières années usurpées par Ali Bongo Ondimba et surtout des 42  ans de gestion tout aussi chaotique d’Omar Bongo Ondimba. Pour preuve, ce dernier dans ce que l’on  peut désormais considérer comme un testament politique, admettait son échec en déclarant que « Dieu  ne [leur avait] pas donné le droit de faire du Gabon ce [qu’ils étaient] en train de faire ».  

Face à cela, le pouvoir actuel ne devrait pas se mettre des œillères dans le choix de l’élite de la Transition dont plusieurs membres proviennent de l’écurie de la prédation des ressources et du non-respect de  l’expression démocratique. Rappelons aux tenants de l’exécutif, comme le faisait déjà remarquer feu le président de l’UPG en son temps, que « ceux qui ont sacrifié l’ambition de notre beau pays sur l’autel du  népotisme, de l’ethnisme, et […] de la pègre [en faisant en sorte que 63 ans après l’ indépendance] aucune  capitale provinciale ne soit reliée à une autre par une route correctement revêtue », en violant la  constitution à souhait, en tripatouillant les résultats électoraux, en gardant le silence face aux injustices  etc., sont d’abord ceux qui ont servi le père, auxquels se sont succédé les ouvriers du fils. Pendant ce  temps, « la pauvreté a atteint […] des sommets endémiques, qui acculent à l’exclusion l’ensemble du tissu  social » alors que les fruits de nos ressources sont partagés entre « les membres de la cour royale ». Ces  compatriotes qui n’ont jamais confessé leurs erreurs ni rendu des comptes ont ainsi montré à suffisance  que pour eux, le parti et les alliances politiques égoïstes comptaient plus que la patrie. A l’heure de la  restauration, si la chasse aux sorcières n’est pas souhaitable, le Gabon devrait se passer de ceux qui ont  refusé d’être une chance pour son développement. Si nous sommes d’accord sur l’origine du mal  gabonais, nous ne devrions pas avoir de grandes difficultés à idenƟfier et administrer son remède.  

« Le chemin de la guérison : La patrie d’abord ! »  

 A cet effet, Pierre Mamboundou Mamboundou rappelait que la restauration de l’Etat passe d’abord  par la consolidaƟon de la République. Il s’agit d’en faire une « masse de granite compacte sur laquelle  tous les citoyens sont par principe égaux devant la loi, [une] masse de granite une et indivisible qui favorise  le vivre ensemble et ainsi renforce notre sentiment d’appartenance [à la nation] ». Pour y parvenir, la  nécessité d’établir des lois privilégiant toujours l’intérêt général, de veiller objectivement à leur strict  respect, de promouvoir la méritocratie, d’instituer la transparence dans la gestion du bien commun et d’entendre les aspirations du peuple sonnent comme des obligations. Dans cette optique, mettre fin au  règne des « copains et coquins » commence par le fait d’imposer les mêmes exigences à l’ensemble des  tenants des organes de la Transition. Par souci d’exemplarité et d’objectivité dans la conduite des  affaires, l’occupant de la Présidence de la transition ne saurait être la seule entité exclue du principe de  non-candidature aux échéances présidentielles post-transition. Mettre fin au règne des « copains et  coquins » c’est prendre et tenir l’engagement de la méritocratie en privilégiant toujours la logique de  « l’Homme qu’il faut à la place qu’il faut ». Ceci est essentiel, car dans notre pays, la mal gouvernance  observée à tous les niveaux découlent davantage de la volonté des « Hommes forts » du régime de se  départir des lois que de l’absence d’un corpus législatif adapté. Pour y arriver, il ne faut pas craindre de  pourvoir aux postes à responsabilités grâce à des appels à candidatures sélectifs permettant un  renouvellement objectif et profond de l’élite dirigeante.  

Restaurer les Gabonais dans leur dignité c’est à la fois œuvrer pour avoir des insƟtuƟons de transition inclusives mais aussi veiller à ce qu’elles ne deviennent pas budgétivores. A ce titre, dans un pays en  urgence absolue, les institutions de la transition devraient être un meilleur reflet des aspirations de  changement du peuple et, donc, offrir l’exemple d’une administration encore plus parcimonieuse dans la  gestion des ressources publiques. Dès lors, quid de la sous-représentation des jeunes et des femmes dans  les différentes nominations ? Du nombre de conseillers du Président de la transition ? Des 186 membres  du parlement ? Des 60 membres du conseil économique et social… ?  

 L’inclusivité de la transition ne saurait être obtenue grâce au recyclage de l’ancien personnel politique  et administratif alors que des Gabonais pétris de talents n’attendent que l’opportunité de servir le pays.  Il faut oser casser les lignes et faire confiance à de nouvelles intelligences. Plus loin, la réduction réelle du  train de vie de l’Etat durant cette période transitoire doit s’imposer afin de favoriser l’avènement d’une  administration efficiente, gage d’une meilleure exécution des politiques publiques.  

 Favoriser notre essor vers la félicité c’est cultiver la transparence dans l’administration de la cité, en  informant sur le coût prévisionnel des instituƟons de la Transition, en rendant public l’ampleur des  détournements identifiés, en ne s’affranchissant pas du devoir de déclaration et publication des biens  pour tous les responsables publics, en explicitant les choix opérés dans la conduite de la nation, en  s’assurant que la justice soit équitable pour tous, en veillant à ce que tous les ordonnateurs de crédits se  soumettent à l’exigence de la reddition des comptes, en favorisant la libre expression. A cela, s’ajoute la  luƩe effrénée contre le culte de la personnalité et la loyauté dévolus à ceux qui incarnent les institutions  au profit de la promotion de la loyauté et de la fidélité à la patrie et aux Institutions de la République.  

 Pour ce faire, comme l’a été Pierre Mamboundou Mamboundou dont la vision se rappelle à nous en ce  jour de triste anniversaire, et comme l’ont été Simon Oyono Aba’a, Martine Oulabou, Pierre Louis Agondjo Okawè, DOUKAKAS NZIENGUI, chaque citoyen doit désormais devenir une sentinelle de la Transition et  par là de la République. Chacun doit garder à l’esprit que chaque instant politique et particulièrement  celui que nous vivons constitue un véritable défi. Le défi de la clairvoyance, de l’intelligence et du  patriotisme qui ne peut être relevé que par des citoyens libres et déterminés, portant en eux les valeurs  d’Union, de Travail et de Justice. Sans cela, … point de restauration !  

15/10/2011-15/10/2023 « Hommage à Pierre Mamboundou Mamboundou, un patriote parti trop tôt.  12 ans déjà ! »  

Dr Pierre N. MAMBOUNDOU 

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