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Dette publique : seulement 34 milliards remboursés par l’État à fin avril, en chute de 88%

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Alors que jusque-là la trajectoire du remboursement de la dette publique suivait une évolution constante, le mois d’avril dernier a marqué un premier coup d’arrêt. Comme le démontrent les chiffres du ministère de l’Économie, le remboursement de la dette à fin avril 2024, a chuté de 88% par rapport au mois précédent pour n’atteindre que 33,86 milliards de FCFA. Un choix étonnant pour les autorités de la transition engagées dans un processus d’optimisation des ressources budgétaires.

Si les déséquilibres budgétaires se sont considérablement creusés en raison d’importants déficits non pétroliers en 2022-23, qui ont d’ailleurs entraîné une accumulation rapide d’arriérés et poussé la dette publique à environ 70% du PIB comme le rappelait encore récemment le FMI, l’arrivée des nouvelles autorités et les premières mesures qui ont suivi, laissaient penser à un changement de cap. Cependant, les dernières données du ministère de l’économie et des participations laissent quelque peu dubitatif.

Après s’être établies à 153,25 milliards de FCFA à fin février (hausse de 32% par rapport à janvier), 281,94 milliards de FCFA à fin mars (en hausse de 84% par rapport à février), le montant du remboursement effectué par l’Etat gabonais est passé à seulement 33,86 milliards de FCFA à fin avril. Une chute vertigineuse de l’ordre de 88% en glissement mensuel, qui interroge, tant l’urgence est aux remboursements de ces arriérés dont le paiement permet de maintenir la solvabilité, renforce l’idée d’une véritable discipline budgétaire et évite le défaut de paiement.

Des recettes douanières et fiscales pourtant en hausse sur la même période

Si cette baisse drastique du paiement des arriérés de la dette interroge d’autant plus, c’est qu’elle intervient dans un contexte de nouvelle hausse des recettes fiscales qui ont atteint à fin avril 130,72 milliards de FCFA (en hausse de 26,04 milliards de FCFA) et de nouvelle hausse des recettes douanières qui elles, se sont établies à 41,71 milliards de FCFA (+5,2 milliards de FCFA en glissement mensuel). Comment comprendre qu’en période de vache graisse pour nos recettes douanières et fiscales, la priorité ne soit pas donnée au règlement de la dette?


Avec des perspectives plaçant notre encours largement au-dessus du seuil communautaire à l’horizon 2025 (plus de 78% selon les prévisions du FMI), qui font d’ailleurs peser un gros risque sur l’accumulation de réserves, le ministre de l’Economie et des Participations, Mays Mouissi, qui a récemment indiqué chez nos confrères d’Africa Presse que le pays était « engagé dans une dynamique de renouveau, dans une opération d’assainissement des finances publiques et du paysage économique », devra mettre les bouchées doubles pour qu’au sortir de la transition qui « durera deux ans et pas un jour de plus » comme il l’a rappelé, le pays soit sur la voie du redressement.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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