Cyrille Bolloré sur les accusations de racisme contre CNews : « Si on était raciste, on n’aurait pas eu des groupes en Afrique »

Interpellé sur la ligne éditoriale controversée de la chaîne CNews, souvent taxée de dérive droitière et de discrimination, Cyrille Bolloré a opposé, ce mercredi 22 mai 2025, rapporte l’Agence France presse (AFP), une défense qui a de quoi faire débat. Lors de l’assemblée générale du groupe Bolloré, le PDG du conglomérat familial a déclaré : « Si on était raciste, on n’aurait pas eu des groupes en Afrique », balayant ainsi les accusations visant les médias du groupe, notamment CNews.
Une ligne éditoriale controversée, un malaise persistant. C’est un actionnaire qui a posé la question en des termes directs : « On associe de plus en plus votre groupe à des discours discriminatoires à travers ses médias, notamment CNews. Est-ce que vous comptez corriger cette image ? » Une interrogation légitime, alors que la chaîne d’information du groupe Canal+ est régulièrement accusée de promouvoir des idées d’extrême droite, au point d’être parfois qualifiée de « Fox News à la française ».
Une défense jugée hors sujet par certains
La réponse de Cyrille Bolloré n’a pas tardé : « Si on était raciste, on n’aurait pas eu des groupes en Afrique », a-t-il déclaré, citant la présence historique et tentaculaire du groupe Bolloré dans le transport et la logistique sur le continent africain. Pour lui, cette implantation suffirait à balayer les soupçons de racisme.
Cette justification n’a pas manqué de faire réagir, notamment sur les réseaux sociaux. De nombreux internautes ont dénoncé un argument fallacieux et anachronique, rappelant que l’exploitation économique en Afrique n’a jamais été incompatible avec des pratiques paternalistes, voire néocoloniales. D’autres y ont vu un raccourci embarrassant, réduisant la lutte contre le racisme à une simple question de géographie ou de présence commerciale.
« CNews, je la suis peu »
Curieusement, Cyrille Bolloré a également affirmé suivre peu la chaîne CNews, malgré les polémiques qui l’entourent. « Ce que j’observe, ce sont les audiences », a-t-il nuancé, soulignant que la chaîne est devenue la première chaîne d’information en France, ce qui, selon lui, « traduit une certaine préoccupation de la population ». Il s’est également défendu des accusations de pressions judiciaires : « On nous reproche les procès-bâillons. Moi je n’ai jamais lancé de procédure, j’ai repris des actions existantes pour diffamation », a-t-il précisé.
En résumant la question de l’éthique médiatique à l’argument de la présence africaine du groupe Bolloré, Cyrille Bolloré élude la question centrale : celle de la responsabilité sociale et éditoriale de ses médias, en particulier d’une chaîne d’information suivie quotidiennement par des millions de Français.« On s’est entendu avec tout le monde », dit-il. Mais aujourd’hui, c’est moins d’entente que de transparence et de cohérence que semblent attendre ses interlocuteurs.
GMT TV