Gabon : la réduction du train de vie de l’Etat toujours pas à l’ordre du jour
Loin d’être une simple action corrective dans le mode actuel de gestion et de gouvernance, la réduction du train de vie de l’État au Gabon est nécessaire pour plusieurs raisons économiques, sociales, et politiques, surtout dans le contexte actuel de défis croissants, que le pays doit affronter. En voyant des militaires arriver au pouvoir en août 2023, l’opinion espérait d’ailleurs, que ces derniers œuvrent dans ce sens. Un an après leur arrivée à la tête du pays, le bilan du train de vie de l’Etat est toujours aussi mitigé, malgré le renoncement de Brice Clotaire Oligui Nguema de son salaire de Président de la République et la réduction de l’effectif des membres du gouvernement.
« En seulement 4 mois, nous avons considérablement réduit le train de vie de l’Etat. Ces efforts se sont matérialisés par le renoncement de mon salaire de Président de la République, la réduction de l’effectif des membres du gouvernement, la réduction du salaire des parlementaires et de leur nombre et par une meilleure maîtrise de la dépense publique ». Des propos forts, qui malheureusement ne font pas écho à la réalité. Et pour cause, entre véhicules de luxe offerts à des généraux dont le nombre a considérablement augmenté en un an, primes aux agents des forces de défense et de sécurité, nombre important de conseillers du président de la transition ou de chargés d’études dans les différents départements ministériels, la situation semble la même.
A chacun des déplacements du président de la transition, c’est une orde d’affidés qui se joignent à la délégation en plus de membres du gouvernement dont chaque déplacement implique des frais de missions chiffrés en millions de FCFA. On a d’ailleurs pu le voir en France lors du forum économique. Autre fait marquant concernant la hausse du train de vie de l’Etat post Ali Bongo, l’augmentation annoncée du nombre d’agents publics dont le montant prévu rien que pour cette année dans la loi de finances, devrait représenter 70 milliards de FCFA et surtout le volume conséquent de dépenses extra budgétaires.
Celles-ci d’ailleurs, pourraient largement contribuer à dégrader un peu plus la note souveraine du pays dont les dirigeants semblent verser dans un populisme assumé, qui devrait creuser le déficit budgétaire et augmenter les risques pour la capacité de remboursement de la dette du pays. Le Gabon qui doit être capable de montrer qu’il contrôle son train de vie, se voit ainsi blacklisté par les créanciers officiels, ce qui amenuise sa capacité à accéder plus facilement à des financements internationaux ou négocier de meilleures conditions pour le service de sa dette.
Quand on sait que l’optimisation de l’utilisation des ressources publiques est une priorité en matière de réduction du train de vie de l’État, ce qui signifie moins de dépenses superflues pour les frais de fonctionnement tels que les salaires élevés des fonctionnaires, les voyages inutiles, et les projets non prioritaires. Que les organismes internationaux, tels que le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale, regardent de près les efforts des pays pour contenir leurs dépenses publiques, difficile de comprendre où veulent en venir les autorités de la transition.
Dans un contexte où une partie importante de la population vit dans la pauvreté, un État qui dépense excessivement pour maintenir un train de vie élevé pour ses fonctionnaires ou ses dirigeants crée des tensions sociales. Réduire ces dépenses superflues permettrait de rediriger les fonds vers des programmes sociaux, la santé, l’éducation, et d’autres services publics essentiels, contribuant ainsi à réduire les inégalités. Réduire le train de vie de l’Etat ne se limite pas à réduire le salaire du président, cela va bien plus loin que cela.