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15 propositions pour redynamiser la culture citoyenne et la participation électorale des Jeunes au Gabon

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Indépendante depuis le 17 août 1960, la République gabonaise, deuxième puissance économique de la sous-région d’Afrique centrale, avec une superficie de 267 667 Km2 pour une population estimée à ce jour à 2 324 345 hab. pour une population officielle de 1 811 079 hab. Le Gabon connaîtra sa 6e élection présidentielle multipartite en 2023. Cette élection sera la cinquième après l’instauration du multipartisme en mars-avril 1990. Depuis lors, plusieurs élections présidentielles et législatives multipartites ont eu lieu. Et toutes ont eu pour dénominateur commun de faire l’objet de vives contestations de la part de l’opposition. 

Cette fin d’année 2023, la République gabonaise, connaîtra une nouvelle échéance électorale, après celle de 2016 ayant abouti à une crise politique suite à laquelle s’est tenu le Dialogue national d’Angondjé en 2017. Les enjeux de ces élections différents de celle de 2016 s’analysent dans un contexte social, politique, et économique en alerte. En effet, le pays fragilisé par la crise sanitaire covidienne, un ralentissement économique, un surendettement et une forte inflation des produits de première nécessité due à la crise russo-ukrainienne. 

De plus, sur le plan politique le président sortant qui briguera un troisième mandat, alors que beaucoup le qualifiaient d’inapte à la fonction présidentielle, fera face à l’absence totale d’opposition qui peine à trouver sa place et à se renouveler depuis 1990, mais devra certainement compter sur l’arrivée d’outsiders politiques qui pourraient peut-être jouer les troubles fêtes. Cependant, pour y arriver il faudrait déjà régler le problème de la participation électorale. 

L’illégitimité des élus

Le fichier électoral gabonais comptait 627 805 électeurs inscrits en 2016 sur 1 811 079 hab. Cela signifiait que seulement 34,66 % de la population gabonaise était inscrite sur la liste électorale. En outre, seuls 373 310 se sont rendus aux urnes, soit une participation de 59,46 % pour un taux d’abstention de 40,54 %. En vérité, seulement 20,61 % de la population gabonaise a voté à cette échéance. 

Deux ans plus tard, pour les élections législatives d’octobre 2018, les institutions électorales ont enregistré 680 194 inscrits pour un taux d’abstention de 41,31 % contre 58,63 % de taux de participation. Pour cette élection, la tendance est restée la même, seulement 22,01 % de la population globale gabonaise est allé aux urnes.

Les conséquences d’un aussi faible taux de participation électorale sont énormes, car il consacre généralement à la tête des institutions des élus illégitimes du fait que plusieurs d’entre eux ne sont pas élus par la majorité des électeurs, et pire, par le tiers de la population. Cela occasionne généralement une crise politique et un mauvais fonctionnement de l’appareil étatique, car 70 % de la population ne reconnaît pas le dirigeant comme leader légitime même s’il a été élu légalement. Par exemple, pendant plusieurs législatures, l’Assemblée nationale du Gabon a été dirigée par un député élu avec 500 voix dans sa circonscription électorale devant des collègues qui en représentaient 3000 voire plus.

La dépolitisation des populations

Au regard de ce qui précède et de l’état actuel du système électoral qui n’a pas beaucoup évolué, l’élection de 2023 semble s’acheminer vers le même scénario et certainement pire, car l’on peut constater dans les rues de Libreville, un fort désintérêt des populations vis-à-vis de la chose politique et une crise de confiance envers les institutions républicaines. 

Une crise de confiance accentuée par les défections de Jean Ping aux élections législatives de 2018, mais aussi les décisions impopulaires adoptées par l’Assemblée nationale ces dernières années et plus récemment le volte-face des ténors de l’opposition désormais membres du Conseil National de la Démocratie. 

Du coup, un travail sérieux doit être fait sur la participation citoyenne dans notre pays, notamment celle des jeunes qui constituent près de 60 % de la population. 

Face à la forte abstention des jeunes aux élections, comment raviver la confiance de ces derniers dans les institutions ? Comment raviver la confiance des jeunes dans les institutions républicaines ?

Axe 1 : Redéfinir les contenus de l’Instruction morale et civique (IMC) autour de priorités claires pour améliorer la connaissance des institutions : « On ne naît pas bon citoyen, on le devient. »

Toute nation qui se veut consciente de son devenir doit, à un moment de son existence, forger la conscience collective de ses populations en fonction de ses objectifs et ses ambitions. Et cela passe par plusieurs mécanismes parfois subliminaux dont le plus puissant est l’éducation.

En effet, dans le cas du Gabon qui connaît une véritable crise de la citoyenneté, l’acquisition d’une culture citoyenne peut et devrait passer par l’éducation : L’Éducation morale et civique. C’est-à-dire, recentrer les contenus de l’EMC autour de « priorités claires » et contemporaines en conformité avec notre système juridique et institutionnel (égalité femmes-hommes, discriminations, liberté d’expression, engagement politique…), et de renforcer la connaissance du fonctionnement des institutions qui fait défaut aujourd’hui à de nombreux jeunes.

Proposition n° 1. 

Redéfinir les fondements législatifs de l’éducation morale et civique à partir de priorités claires, qui pourraient être de renforcer la connaissance des institutions démocratiques ainsi que des principes de la République et donner à nos jeunes concitoyens les outils pour comprendre les grands enjeux nationaux, internationaux, sociétaux et environnementaux.

Proposition n° 2

Recentrer le contenu et les objectifs de l’EMC autour des priorités nationales ; au sein du collège, structurer les programmes par classe ; cibler les années au cours desquelles les programmes d’EMC doivent être centrés sur les aspects institutionnels (classes de 3e, de 2de et de 1re).

Proposition n° 3. 

Créer à l’attention des enseignants, des populations et des enfants des outils pédagogiques clairs et objectifs sur les institutions gabonaises et africaines ainsi que sur le rôle des élus.

Proposition n° 4. 

Généraliser les rencontres entre élèves et élus, dans les classes et dans le cadre de visites d’institutions (mairies, conseils départementaux et régionaux, assemblées parlementaires…) sur la base de conventions entre l’Éducation nationale, les associations d’élus et les institutions concernées.

Axe 2 : Populariser la journée de la défense et de la citoyenneté autour de nouvelles finalités essentielles : enjeux de la défense, orientation des jeunes et présentation des différentes formes d’engagement

Proposition n° 5

Recentrer les contenus des journées nationales de la défense, et les journées citoyennes, sur les trois axes suivants : l’information sur les enjeux de la défense et de la sécurité et sur les métiers accessibles aux jeunes dans ce domaine ; le repérage et l’orientation des jeunes en difficulté ; la présentation des différentes formes d’engagement (programme national de volontariat, autres formes de volontariat, sécurité civile, réserves…).

Axe 3 : Accompagner le développement du Programme national de volontariat et renforcer la formation civique et citoyenne des volontaires

Proposition n° 6. 

Poursuivre le développement du Programme national de volontariat et pérenniser les moyens dégagés dans le cadre du Plan de relance. 

Proposition n° 7. 

Développer le programme national de volontariat en milieu rural ; intégrer systématiquement le programme national de volontariat aux politiques publiques en faveur de la ruralité ; mettre en place un soutien financé par l’État afin de prendre en charge les contraintes spécifiques du programme national de volontariat en milieu rural.

Axe 4 : Faciliter l’évolution de la gouvernance des associations 

Proposition n° 8. 

Adapter les lois et règlements (Loi 35/62) aux normes internationales en tenant compte de l’évolution de la pratique associative contemporaine.

Axe 5 : Renforcer le lien entre formation civique et citoyenne et insertion

Proposition n° 9. 

Expérimenter et évaluer la mise en place, au sein de l’Éducation nationale, de l’enseignement secondaire et le ministère de l’agriculture, d’un accompagnement et d’un suivi des élèves exclus temporairement de leur établissement, en partenariat avec les acteurs locaux, afin que cette sanction soit l’occasion d’une prise de conscience citoyenne.

Proposition n° 10. 

Développer un programme de stages de citoyenneté, qui sera mis en œuvre dans un contexte pénal, en termes de prévention de la récidive.

Axe 6 : Moderniser le processus électoral et mieux informer les électeurs

Proposition n° 11.

Généraliser la tenue d’universités d’été périodique au sein des partis politiques afin que ceux-ci forment leurs militants sur les enjeux démocratiques, les questions de gouvernance, mais surtout sur le processus électoral.

Proposition n° 12. 

Mettre en place au sein des partis politiques un système mixte d’envoi de la propagande électorale (projet de gouvernance et de société des candidats) fondée sur une communication électronique et numérique aux électeurs qui le souhaitent, parallèlement au maintien des modalités classiques d’envoi ; organiser une campagne d’information sur ces nouvelles modalités de consultation de la propagande électorale.

Proposition n° 13. 

Organiser systématiquement, en amont de chaque scrutin, une campagne d’information « grand public », sur tous supports (y compris réseaux sociaux et applications mobiles) pour rappeler le rôle des institutions concernées par le scrutin à venir, ainsi que les modalités de l’élection et les démarches nécessaires à l’inscription sur les listes électorales.

Proposition n° 14.

Expérimenter les inscriptions des nouveaux électeurs sur les listes électorales au sein des établissements universitaires ; ouvrir une réflexion sur l’inscription obligatoire des électeurs à partir des données biométriques académiques.

Axe 7: Faire des jeunes des acteurs à part entière de la vie locale

Proposition n° 15. 

Inviter les collectivités territoriales à associer les conseils provinciaux de jeunes à la vie locale en leur confiant, lorsque cela semble pertinent, de vrais projets ; à encourager l’accès des jeunes élus aux responsabilités au sein des exécutifs locaux ; à s’approprier les bonnes pratiques telles que les journées citoyennes, vectrices de solidarités intergénérationnelles.

Max Axel Bounda, auditeur en Stratégie, Défense, Sécurité, Gestion des conflits et des catastrophes

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