Gabon Media Time : Neuf ans d’audace médiatique et de résilience

Créé le 4 juillet 2016, à la veille d’une présidentielle sous tension, Gabon Media Time a fait le pari d’informer autrement. Neuf ans plus tard, le média s’impose comme un acteur central du débat public gabonais. Retour sur une aventure éditoriale qui a traversé les tempêtes, bousculé les pouvoirs et donné la parole à ceux que l’on n’entendait pas.

Une naissance dans le tumulte. C’est dans l’urgence d’un contexte politique brûlant qu’est né Gabon Media Time (GMT), le 4 juillet 2016. À quelques semaines d’une élection présidentielle dont le pays ne sortirait pas indemne, une poignée de jeunes Gabonais, Morel Mondjo Mouega, Harold Tchibinda, Ferdinand Demba, Lauris Pemba sous la direction d’Harold Leckat, décident de lancer un site d’information pour parler, expliquer, décrypter, et surtout : ne pas se taire.

Il ne s’agissait pas de faire du sensationnel, mais d’apporter une parole nouvelle, libre, ancrée dans les réalités locales et affranchie des circuits de contrôle classiques. Le site est modeste, mais le ton est déjà là : incisif, documenté, exigeant. L’objectif est clair : remettre le citoyen au cœur de l’actualité à travers une forte présence sur les réseaux sociaux.

Une voix libre dans un paysage médiatique verrouillé

Très vite, GMT dérange. Trop direct, trop documenté, trop visible. Pourtant, c’est cette posture qui séduit un lectorat grandissant. En quelques mois, Gabon Media Time devient un réflexe pour des milliers de lecteurs. Il devient aussi un média de référence, souvent cité, parfois attaqué, toujours attendu.

En neuf ans, GMT aura vécu les dérives de l’ancien régime, la transition post-coup d’État, l’arrivée de la Ve République. À chaque étape, il a su rester debout. Refusant les compromissions, publiant ce que d’autres taisent, interrogeant les puissants, donnant la parole aux invisibles.

L’épreuve du réel, la constance du terrain

La force de GMT ne repose pas uniquement sur ses lignes éditoriales. Elle tient aussi à son ancrage dans le réel. Reportages, interviews, vidéos, formats courts, enquêtes, verbatims : les formats se diversifient, mais la rigueur reste, elle inspire même les plus anciens comme L’Union. Même lorsqu’il faut faire face à la pression.

Comme cette convocation, marquante, à la Direction générale des recherches de la gendarmerie nationale, après la publication d’un article sur une perquisition dans l’entourage d’Ali Bongo Ondimba. « Prenez ceci, vous le mettez dans l’enveloppe, on va aller compter au bureau », entendait-on dans l’enregistrement. À ce moment précis, GMT n’est plus seulement un média. C’est un acteur du contre-pouvoir. Et il tient le bon bout.

Une dynamique collective au service d’une vision

Aujourd’hui, GMT, ce sont plus de 500 000 abonnés cumulés sur toutes ses plateformes numériques, une rédaction dynamique, des productions originales comme Le Canapé Rouge, Parlez-moi de moi, Instant Santé, et bientôt, #InstantPresse. C’est aussi une équipe de jeunes journalistes, cameramen, monteurs, chroniqueurs et graphistes, qui travaillent chaque jour à construire un journalisme gabonais exigeant, proche et engagé.

Car à Gabon Media Time, la presse n’est pas un décor. Elle est un levier du pluralisme démocratique. A chaque fois qu’il a fallu défendre un principe républicain comme la liberté de la presse, corollaire de la liberté d’expression, des analyses, des tribunes n’ont pas manqué d’être publiées. Il en est de même lorsque le droit à un procès équitable s’est heurté à une justice instrumentalisée. GMT, c’est une fabrique de citoyenneté, un moteur de la vivacité démocratique. Une vigie critique. 

9 ans, et demain ?

À l’heure où la Ve République cherche encore ses marques, où la communication gouvernementale peine à être pédagogique, où les institutions sont parfois muettes quand le peuple attend des réponses, Gabon Media Time continue de jouer son rôle. Celui de la lucidité, de la mémoire, de la parole libre. Un rôle vital.

L’anniversaire de GMT n’est donc pas qu’une célébration. C’est un signal. Celui que rien de solide ne se construit sans information libre. Et que dans un pays en reconstruction, la vérité, l’analyse et l’indépendance ne sont pas des options. Ce sont les fondations. Clin d’œil aux amis de la rédaction d’hier, qui, aujourd’hui aux affaires, semblent avoir oublié le chemin de Damas.