A La UneDerniers articlesSOCIETE

Subvention à la presse : «Laurence Ndong doit publier la liste ou assumer le soupçon de détournement», selon Guy Pierre Biteghe

Ecouter l'article

Alors que le président élu Brice Clotaire Oligui Nguema avait fait de la refondation et de la transparence des institutions une promesse centrale de sa transition, la gestion de la subvention à la presse par la ministre de la Communication, Laurence Ndong, suscite aujourd’hui un malaise grandissant. Dans une déclaration virulente et argumentée, Guy Pierre Biteghe, directeur du journal Le Mbandja, lève le voile sur une répartition jugée opaque, injuste et moralement intenable.

Revalorisée à hauteur de 500 millions de FCFA, contre 130 millions sous le précédent régime, la subvention allouée à la presse écrite et en ligne devait symboliser une rupture dans la gouvernance du secteur médiatique. Or, selon Guy Pierre Biteghe, « cette manne publique a été distribuée de manière arbitraire, sans critères clairs, et dans une opacité totale ».

« Ce que nous éditeurs de presse demandons à Mme Laurence Ndong, c’est très simple : la transparence », a-t-il martelé sur sa page Facebook. « L’argent alloué à la presse est public, donc il est légitime que chaque franc soit justifié, que chaque bénéficiaire soit identifié, et que chaque montant soit connu »; a-t-il poursuivi. 

Une gestion jugée injuste et politisée

Dans sa dénonciation, le directeur du Mbandja pointe notamment du doigt la disparité flagrante entre les montants perçus par des journaux « quasi-inexistants en 2024 » et ceux reçus par des titres pourtant réguliers et actifs. « Comment expliquer qu’un journal ayant publié deux numéros reçoive plus qu’un autre qui en a produit quarante ? », s’est-il interrogé.

Il dénonce également l’attitude de l’activiste Stéphane Zeng qui, selon lui, tente maladroitement de défendre l’indéfendable. « Ce n’est pas en défendant aveuglément Mme Ndong qu’on l’aide », a-t-il dénoncé, précisant que cette posture ne fait que « nourrir les soupçons de détournement et d’arrangements entre amis ».

Un appel solennel au président élu Oligui Nguema

Au-delà de la personne de la ministre, c’est le sens même de la Transition qui est interpellé. En refusant de publier la liste complète des bénéficiaires et les montants perçus, Laurence Ndong, estime Guy Pierre Biteghe, « galvaude le bien-fondé de la valorisation de cette subvention décidée par le président de la Transition ».

À ce titre, l’interpellation va désormais bien au-delà du ministère de la Communication. Elle vise directement le président élu. « Si Mme Ndong refuse de rendre publique la liste, c’est à Brice Clotaire Oligui Nguema qu’il revient de restaurer la confiance et d’ordonner la transparence. Autrement, ce bel élan républicain risque de se fracasser sur les récifs du favoritisme bureaucratique », a commenté un directeur de publication sur un forum de journalistes. 

Quand la suspicion devient un principe de gouvernance

« Nous avons la liste et nous avons les montants », assure Guy Pierre Biteghe. Dès lors, la ministre ne peut plus se réfugier derrière l’omerta. En démocratie, surtout dans un contexte post-coup d’État où la parole publique doit se régénérer par l’exemplarité, le silence est une trahison.

L’heure est donc venue, pour le chef de l’État, de démontrer que son discours sur la moralisation de la vie publique ne s’arrête pas à la porte du ministère de la Communication. La publication intégrale des bénéficiaires, avec les montants reçus, est désormais une exigence citoyenne. Faute de quoi, le doute deviendra loi.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GMT TV

Bouton retour en haut de la page