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Subvention à la presse 2024 : le CPPPL pointe des chiffres incohérents qui alimentent la suspicion de détournement

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Alors que le président élu Brice Clotaire Oligui Nguema a fait de la transparence et de la bonne gouvernance les piliers de sa transition vers la Vème République, la gestion de la subvention à la presse 2024 par la ministre de la Communication, Laurence Ndong, vient ternir cette promesse. Dans une déclaration percutante rendue publique ce 1er mai 2025, le Cercle des Patrons de la Presse Privée en Ligne (CPPPL) a dénoncé « une incohérence manifeste » dans les chiffres et la méthode ayant encadré la répartition des 500 millions FCFA alloués à la presse.

Une confusion budgétaire inquiétante entoure la gestion de la subvention à la presse 2024, comme l’a mis en lumière le Cercle des Patrons de la Presse Privée en Ligne (CPPPL). Selon cette organisation, sur les 500 millions FCFA officiellement alloués par l’État, 15 % auraient été prélevés par le Trésor public (75 millions FCFA) et 10 % destinés aux membres de la commission de répartition (42,5 millions FCFA). Ces déductions réduisent le montant effectivement destiné aux organes de presse à 382,5 millions FCFA. Une somme bien en deçà des attentes, et surtout contradictoire avec les annonces officielles du ministère.

En effet, lors d’une réunion sectorielle, le ministère de la Communication a déclaré avoir réparti 400,977 millions FCFA, ventilés entre 250 millions pour la presse écrite et 160 millions pour la presse en ligne. Cette déclaration fait bondir le CPPPL, qui y voit une incohérence manifeste : le total annoncé dépasse de 27,5 millions FCFA l’enveloppe budgétaire initiale. « Ce flou artistique alimente des soupçons graves de mauvaise gestion, voire de détournement », dénonce l’organisation patronale, qui exige un audit indépendant de la subvention 2024 et la publication sans délai de la liste des bénéficiaires, comme c’était la pratique sous les précédents ministres.

Une ministre à côté des attentes du secteur

Au-delà des chiffres, c’est la méthode Ndong que déplore le CPPPL. Interrogée à de multiples reprises sur l’opacité de la procédure, la ministre n’a cessé d’esquiver les demandes de transparence. Pire, lors de récentes déclarations publiques, elle a osé blâmer les représentants des médias pour n’avoir « pas bien relayé l’information ». Une sortie qualifiée d’« enfumage » par plusieurs éditeurs, et qui traduit selon eux un profond mépris du secteur.

« La subvention, qui devait être une reconnaissance du rôle démocratique de la presse, est en train de se transformer en machine à clientélisme », alerte le CPPPL, qui voit dans cette dérive un frein majeur à la professionnalisation du journalisme au Gabon.

Le président élu interpellé

Cette gestion approximative de la subvention met également le président élu Brice Clotaire Oligui Nguema face à une contradiction de taille. Comment prétendre redonner à la presse « ses lettres de noblesse » – selon ses propres termes – quand le ministère chargé de cette mission persiste dans des pratiques douteuses ? Le CPPPL le rappelle avec fermeté : « Une réforme crédible de la presse commence par une répartition équitable, transparente et fondée sur des critères objectifs. »

À quelques heures de son investiture, prévue ce samedi 3 mai 2025 – date hautement symbolique de la Journée mondiale de la liberté de la presse – le chef de l’État devra choisir : couvrir l’inertie d’un ministère à la dérive, ou trancher pour une gouvernance fondée sur la vérité et l’exemplarité. La balle est dans son camp.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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