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Subvention à la presse 2023 : pourquoi Laurence Ndong doit publier la liste des bénéficiaires ?

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Portée à 500 millions de francs CFA par le président Brice Clotaire Oligui Nguema dans un souci de redynamisation du secteur, la subvention à la presse pour l’année 2023 suscite aujourd’hui des interrogations croissantes. En cause : l’absence de transparence dans la répartition de ces fonds publics, pourtant censés soutenir l’ensemble des acteurs de la presse écrite et en ligne. Une situation qui oblige la ministre de la Communication Laurence Ndong à lever le voile sur les bénéficiaires réels de cette enveloppe.

Censée constituer un filet de sécurité pour les médias nationaux, particulièrement fragilisés par les crises économiques successives et les mutations du modèle économique, la subvention annuelle à la presse est devenue, ces dernières années, un sujet de tension. Si l’initiative du chef de l’État d’en porter le montant à 500 millions de francs CFA a été saluée comme un signal fort en faveur de la liberté d’informer et de la professionnalisation du secteur, le silence qui entoure la liste des bénéficiaires alimente aujourd’hui le soupçon d’opacité, voire de favoritisme.

Une répartition contestée et des accusations de clientélisme

Plusieurs responsables de médias affirment avoir respecté l’ensemble des critères d’éligibilité sans pour autant avoir été informés d’un rejet ou d’une acceptation de leur dossier. Pire encore, certaines rumeurs font état de médias fictifs, peu ou pas visibles sur le terrain, qui auraient perçu des montants substantiels. Face à ces soupçons croissants, l’absence de publication officielle de la liste des bénéficiaires devient problématique. Dans une démocratie rénovée, telle que souhaitée par le président de la Transition, ce type de flou peut sérieusement entacher les efforts de moralisation de la gestion publique.

« Il ne s’agit pas de jeter l’opprobre, mais de rétablir la confiance. Quand on utilise de l’argent public, on doit rendre des comptes publiquement », estime un éditeur de presse de la place, dont le dossier aurait été écarté sans justification.

La méritocratie comme boussole, la transparence comme règle

La subvention à la presse n’est pas une faveur. Elle est un outil de soutien à la pluralité de l’information, à la survie des titres indépendants, et à la consolidation de l’espace démocratique. Dès lors, elle doit obéir à des principes clairs : critères définis, jury impartial, grille d’évaluation publiée, et surtout liste nominative des organes bénéficiaires et montants attribués rendue publique.

Dans une République qui se veut désormais fondée sur la justice, le mérite et la bonne gouvernance, la ministre Laurence Ndong a une responsabilité politique et morale. En publiant cette liste, elle démontrera sa volonté d’appliquer les standards de transparence administrative et dissipera les soupçons légitimes qui pèsent sur son département.

À l’heure où les médias jouent un rôle de plus en plus central dans l’accompagnement de la transition et dans la construction d’un récit collectif apaisé, il est impératif que la presse soit traitée avec équité et respect, loin des pratiques d’un ancien système que les nouvelles autorités affirment vouloir dépasser.

Rendre publique cette liste, c’est faire un pas de plus vers la République exemplaire que le président Oligui appelle de ses vœux.

Harold Leckat

Juriste contentieux, Fondateur et Directeur de publication. "La chute n'est pas un échec. L'échec est de rester là où l'on est tombé ", Socrates

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