Présidentielle 2025 : Peut-on croire à la rupture prônée par Alain-Claude Bilie-By-Nze ?

À mesure que la campagne présidentielle du 12 avril 2025 s’intensifie, la figure d’Alain-Claude Bilie-By-Nze, président de la plateforme Ensemble pour le Gabon et ancien Premier ministre d’Ali Bongo Ondimba, suscite de nombreuses interrogations dans l’opinion. Celui qui se présente désormais comme le chantre d’un « autre Gabon », prétend porter la rupture avec le système déchu. Pourtant, son propre parcours politique contredit spectaculairement cette posture.
Car Alain Claude Bilie-By-Nze n’est pas un acteur périphérique du régime Bongo : il en est l’un des piliers les plus constants et les plus stratégiques. En faisant son entrée au gouvernement en 2015 et en passant de la Présidence de la République aux ministères les plus sensibles il a été l’un des rares à traverser, sans discontinuer, les années du pouvoir d’Ali Bongo Ondimba. Son nom est associé aux grandes lignes de la communication présidentielle, mais aussi à des décisions majeures qui ont modelé la gouvernance décriée de cette période.
Un architecte silencieux de l’ancien système
C’est notamment sous sa houlette que le bulletin unique a été introduit — dispositif électoral contesté et dénoncé par l’opposition comme un outil de manipulation. Cette réforme emblématique du processus électoral gabonais, qu’il a publiquement défendu, est aujourd’hui reconnue comme l’un des symboles de la confiscation de la souveraineté populaire. Peut-on sincèrement se réclamer de la rupture quand on fut l’inspirateur de pratiques si décriées ?
Plus troublant encore : la réhabilitation de Bilie-By-Nze par la justice en 2010. Celle-ci est intervenue pendant qu’il exerçait au palais présidentiel. Comment ne pas y voir un cas d’instrumentalisation de la justice, alors même qu’il s’érige aujourd’hui en défenseur de l’État de droit et de l’indépendance judiciaire ? Le parallèle est saisissant, et les Gabonais ne sont pas dupes. Ce qu’Alain Claude Bilie-By-Nze dénonce aujourd’hui chez d’autres ressemble à s’y méprendre à ce qu’il a contribué à banaliser.
Le discours de rupture comme stratégie de reconquête
En réalité, sa conversion à la rhétorique de la rupture ressemble davantage à une stratégie de repositionnement politique qu’à une réelle volonté de changement. En rompant formellement avec le PDG en décembre dernier, Alain Claude Bilie-By-Nze n’a pas rompu avec l’architecture du pouvoir dont il est un pur produit. Son slogan « Osons l’espérance » sonne creux dès lors que l’on se penche sur son héritage politique.
À la veille d’un scrutin crucial pour l’avenir démocratique du Gabon, l’heure n’est plus aux slogans. L’heure est à la cohérence. Et à ce jeu, Alain-Claude Bilie-By-Nze peine à convaincre ceux qui, dans le peuple gabonais, ne veulent plus d’un système reconverti dans les habits du changement mais fidèle à ses méthodes anciennes.
En définitive, la vraie rupture ne peut être incarnée par ceux qui ont conçu, consolidé et légitimé le système dont le peuple a voulu se débarrasser. Le renouveau ne peut surgir des décombres d’une continuité travestie.
GMT TV