Pétrole : seulement 666 tonnes de brut traitées par la Sogara en 2023
La Société Gabonaise de Raffinage a une capacité installée initiale de 1,2 million de tonnes métriques. Elle est censée être capable de produire du butane, du gasoil, de l’essence, du kérosène et d’autres produits comme le pétrole lampant et le gaz liquéfié. Cependant, entre une gestion peu conventionnelle et des dérives financières et managériales doublées d’une ingérence politique, elle peine aujourd’hui à augmenter cette capacité ou même à la maintenir. Résultat, en 2023, elle n’a pu traiter qu’un peu plus de 666 000 tonnes métriques de brut sur les 11,2 millions produites à travers nos champs pétroliers. Un chiffre en baisse de 33,3% malgré un investissement de plus de 18 milliards de FCFA sur la période.
Pression politique et interférence gouvernementale, gestion inefficace et manque de transparence, défis technologiques et d’innovation, gestion de la volatilité des prix du pétrole, responsabilité environnementale et sociale, la gestion d’une entreprise pétrolière publique n’est pas de tout repos. Elle présente plusieurs défis importants, qui sont largement exacerbés par la nature complexe et volatile de l’industrie pétrolière. La société gabonaise de raffinage en sait quelque chose. Elle qui 60 ans tout juste après sa création, peine ne serait-ce qu’à maintenir son niveau de production traitée initiale qui était de l’ordre de 1,2 million de tonnes métriques par an.
En effet, selon les données récemment fournies par le ministère de l’économie à travers son tableau de bord, l’activité de raffinage a enregistré des résultats mitigés. La société gabonaise de raffinage, seul et unique opérateur dans ce segment, n’a traité que 666 124 tonnes métriques de brut en 2023 contre 998 896 tonnes métriques en 2022, soit une baisse de 33,3%. Or, dans le même temps, la production pétrolière a atteint son plus haut niveau au cours de ces trois dernières années, avec plus de 11 millions de tonnes métriques produites.
Difficultés techniques et investissements mal structurés
Selon la direction générale de l’économie, ce décrochage est lié aux arrêts techniques pour le maintien du catalyseur, mais également à l’impact de la suspension des livraisons de brut à la société en raison des retards de paiements de ses fournisseurs. Une preuve de plus des latences que connaissent cette entité depuis plusieurs années maintenant, et qui avaient d’ailleurs conduit l’exécutif à envisager une cession de l’outil productif à un investisseur privé. Dans ce contexte encore marqué par une baisse de sa production et afin de satisfaire la demande nationale, la société a donc dû se résoudre à importer le brut raffiné, toute chose ayant entraîné une hausse substantielle de 42,3% de celles-ci, qui se situent à 491 014 tonnes métriques en 2023.
Dans le sillage de cette atonie en matière de traitement de brut, les résultats ont été également contrastés sur le plan commercial. Malgré un marché domestique qui a une nouvelle fois été dynamique porté par les ventes de turbine fuel (+21,4%), de pétrole lampant (+12,1%) et de super (+7,2%), les ventes ont accusé le coup de l’effondrement des exportations avec notamment la commercialisation de résidus atmosphériques qui chute de 39,4%. Le chiffre d’affaires a donc fortement reculé (-21,4%) pour se situer à 601,4 milliards de FCFA en 2023. On notera par ailleurs, qu’un investissement de plus de 18 milliards de FCFA a été consenti.