Me Anges Kevin Nzigou : « Le Gabon mérite une refondation, pas une continuité déguisée »

Dans une interview accordée au journal La Loupe dans sa parution du lundi 21 octobre, Me Anges Kevin Nzigou, avocat et secrétaire exécutif du Parti Pour le changement (PLC), a pris position face à la récente montée en scène du Parti Démocratique Gabonais (PDG) après la chute du régime Bongo. Au cours de celle-ci, il a pointé du doigt ce qu’il considère comme une tentative maladroite de repositionnement politique de la part des Pdgistes. Ces derniers, qui ont tenu des rassemblements festifs dans plusieurs provinces du pays, semblent vouloir réaffirmer leur présence sur la scène politique, malgré la déchéance de leur leader.

Pour Me Anges Kevin Nzigou, il est incompréhensible que ce parti, dont les membres ont soutenu sans réserve l’ancien président Ali Bongo jusqu’à sa destitution par un coup d’État, puisse chercher à se relancer comme si de rien n’était. « Toute honte bue », selon ses propres termes, il reproche aux membres du PDG d’oublier qu’ils ont longtemps été les premiers défenseurs d’un régime qu’ils tentent aujourd’hui de renier.

L’avocat déplore que ces responsables politiques festoient et fassent l’étalage de leur richesse dans un pays où la majorité de la population vit dans des conditions précaires. Pour lui, cette démonstration de force matérielle n’est rien d’autre qu’une tentative de légitimation visant à faire oublier leur soutien indéfectible au régime déchu. « Ma lecture de cette résurrection est simple : elle reflète l’incapacité de cette formation à se remettre en question », affirme-t-il.

Dans un ton grave, Me Anges Kevin Nzigou interpelle les autorités de la Transition, notamment le président de la Transition et le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), sur la nécessité de ne pas permettre à ces anciens acteurs de revenir sur le devant de la scène sans rendre compte de leurs actions passées. « Quel message envoyons-nous au peuple si ceux qui ont contribué aux erreurs du passé reviennent aujourd’hui sur la scène politique sans jamais avoir rendu des comptes ? » s’est-il interrogé.

Pour l’avocat, le Gabon ne peut se permettre une continuité déguisée, mais doit plutôt s’engager dans une refondation politique véritable. Selon lui, la Transition ne doit pas être un prétexte pour le recyclage des anciens acteurs politiques, mais une réelle opportunité de rupture avec les pratiques du passé. « Le Gabon doit se construire sur des nouvelles bases, loin des manœuvres des acteurs politiques qui ont mis en péril l’intérêt général », conclut Me Nzigou.

Ce plaidoyer en faveur d’une refonte profonde du paysage politique gabonais met en lumière les aspirations légitimes d’une population épuisée par des décennies de gouvernance contestée. Il rappelle que le peuple gabonais attend un véritable changement, fondé sur la justice et la transparence, loin des manœuvres politiques qui ont trop longtemps dominé la scène nationale. Me Anges Kevin Nzigou, à travers ses propos incisifs, exprime l’urgence d’une rupture claire avec les pratiques du passé, pour répondre aux attentes de citoyens désillusionnés par les promesses non tenues et les dérives des anciennes élites.