Gabon : vers une baisse significative des crédits aux ménages ?
L’annonce de la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC) concernant la nouvelle réglementation des fonds propres des banques en activité dans la CEMAC, pourrait bien marquer un tournant pour l’économie gabonaise, notamment en ce qui concerne l’accès au crédit pour les ménages. À partir de fin 2024 et jusqu’à fin 2025, les banques devront disposer de fonds propres plus importants pour couvrir le risque de crédit lorsqu’elles prêtent à un État de la région. Pour le Gabon, ce taux de pondération est fixé à 100%, le plus élevé parmi les pays de la CEMAC. Cette situation pourrait avoir des répercussions importantes sur la disponibilité des crédits pour d’autres secteurs, notamment les ménages.
Depuis 2010, les critères de convergence de la CEMAC imposent des mesures strictes aux États membres, notamment en matière de gestion de la dette et de finances publiques. Le Gabon, qui fait face à une accumulation d’arriérés et un déficit budgétaire important, est désormais soumis à un taux de pondération de 100%. Cela signifie que les banques qui investissent dans des titres de dette publique gabonais doivent allouer une proportion équivalente à leurs fonds propres. En conséquence, une partie des liquidités des banques, auparavant disponibles pour d’autres types de crédits, devra être réservée pour couvrir ces engagements liés à l’État.
Vers une raréfaction des ressources pour le financement privé?
Les banques devront donc réorienter une part significative de leurs ressources vers le financement des obligations souveraines, ce qui pourrait restreindre les crédits destinés aux ménages et aux entreprises. Selon les prévisions d’experts du secteur bancaire, cette situation pourrait entraîner une raréfaction des liquidités disponibles, rendant plus difficile l’accès au crédit pour les particuliers. Le banquier camerounais Ange Ngandjo, avertit que cette réduction des ressources affectera la capacité des banques à prêter, entraînant un ralentissement de l’économie et des répercussions sur la consommation des ménages.
Une baisse significative des crédits aux ménages en perspective ?
En 2023, les crédits aux ménages gabonais ont atteint 362,5 milliards de FCFA. Si les banques sont contraintes de concentrer davantage de ressources sur le financement de la dette publique, cette masse importante de crédits risque de se réduire en 2025. Les ménages pourraient se retrouver confrontés à des conditions d’emprunt plus strictes, voire à une réduction de l’accès au crédit. En outre, la vulnérabilité accrue des banques face aux risques souverains pourrait les amener à être plus prudentes dans l’octroi de crédits, notamment ceux à long terme.
Si cette tendance se confirme, une baisse significative des crédits aux ménages pourrait se produire, freinant ainsi la consommation et impactant la croissance économique du pays. Les autorités gabonaises devront surveiller de près l’évolution de la situation et envisager des solutions pour stimuler l’accès au crédit tout en respectant les nouvelles régulations imposées par la COBAC. Il est donc tout à fait possible que les crédits aux ménages au Gabon connaissent une baisse significative en 2025, à la lumière des nouvelles directives de la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC).