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Gabon : une épargne abondante mais un investissement à la traîne, le paradoxe national

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Le ministère de la Planification et de la Prospective a publié l’Étude nationale prospective Gabon 2050, un document stratégique d’environ 170 pages retraçant les principales évolutions économiques, sociales et politiques du Gabon depuis 1996. Sur le plan économique, l’étude met en lumière une tendance persistante à une épargne nationale élevée, qui pourrait théoriquement soutenir l’investissement et la croissance. Pourtant, depuis 2014, le pays connaît une baisse tendancielle de son niveau d’investissement, un paradoxe qui interroge la capacité du système économique gabonais à canaliser ses ressources vers le développement productif.

Le rapport révèle en effet que l’épargne des ménages est en moyenne, depuis les années 2000, deux fois plus importante que l’investissement. Alors que l’investissement plafonne à moins de 20 % du PIB, l’épargne représente en moyenne 49 % du revenu national brut. Cette disproportion souligne une incapacité à transformer cette ressource en capital productif, signe d’un environnement économique peu incitatif et d’un climat des affaires en perte de compétitivité, que les autorités s’efforcent pourtant de redynamiser à travers plusieurs réformes.

Un système bancaire peu adapté au financement de l’économie

Parmi les facteurs explicatifs mis en avant dans l’étude, figure la frilosité du système bancaire. Malgré un niveau d’épargne important, les banques peinent à financer l’économie en raison de taux d’intérêt élevés, du rationnement du crédit ou d’un déficit de garanties crédibles de la part des emprunteurs. Le document pointe également l’absence de véritables banques d’investissement au Gabon, capables de prendre des risques à long terme, laissant les entreprises dépendantes des seules banques commerciales, peu enclines à financer des projets structurants.


Dans ce contexte, les ambitions économiques du gouvernement issues du Gabon Economic Forum, notamment l’objectif d’une croissance à deux chiffres, exigent une réforme profonde du cadre macroéconomique. Il s’agit notamment d’assainir le climat des affaires, de rendre la fiscalité plus compétitive et d’apporter des garanties solides aux établissements financiers. Ce n’est qu’à ce prix que le pays pourra espérer dynamiser la création de PME pérennes et performantes, véritable levier pour une croissance « inclusive et durable ».

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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