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Gabon : un tiers de la population en dessous du seuil de pauvreté en 2023

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En 2022 au détour d’une interview accordée au réseau d’information télévisé multilingue allemand de Deutsche Welle, Marc Ona Essangui, actuel troisième vice-président du Sénat de la transition gabonaise, déclarait « 60% des Gabonais vivent en dessous du seuil de pauvreté. C’est la réalité ». Grossissant le trait d’un phénomène réel qui est la pauvreté de la population gabonaise, ce leader de la société civile mettait en relief une dure réalité confirmée une nouvelle fois par la Banque mondiale. ⅓ des Gabonais vivent en dessous du seuil de pauvreté. Une triste réalité pour un pays qui vient de décaisser plus de 633 milliards de FCFA pour acquérir le géant pétrolier local Assala.

En contestant les chiffres de la Banque mondiale qui estimait, fin 2022, que 39,2% de la population gabonaise vivaient sous le seuil de pauvreté, Marc Ona Essangui mettait le doigt sur un problème persistant dans notre société: la mauvaise voire l’absence de redistribution des immenses richesses nationales créées par la nation. Des richesses issues d’une rente pétrolière, minière et plus récemment agricole, qui malgré les discours politiques, ne profitent qu’à une frange de la population. D’ailleurs, la banque mondiale l’a évoqué il y a un an en parlant des subventions aux carburants, qui ne « ne profitent qu’aux plus nantis ». 

En effet, avec officiellement 40% de sa “petite” population qui vit sous le seuil de pauvreté, l’Etat gabonais confirme son incapacité à répondre aux défis de l’amélioration des conditions de vie marquées par des revenus insuffisants pour répondre aux besoins de base tels que l’alimentation, le logement, l’éducation et la santé. Ces défis renforcent les inégalités économiques et entraînent une concentration de la pauvreté parmi certains segments de la population. Résultats, plusieurs maux s’y développent avec pour conséquence, un visage de plus en plus juvénile de la délinquance, du crime et autres fléaux, étant entendu que plus de 70% de cette population pauvre est âgée de moins de 35 ans. 

Un accès extrêmement limité aux services de base

Si encore, les services de base tels que l’éducation et la santé étaient de qualité et en accès équitable, celà permettrait d’atténuer cette situation critique. Hélas, entre investissements et politiques mal ciblées, gouvernance aléatoire et dérapages conséquents, la situation des plus pauvres de ce pays ne cesse de s’aggraver. En dépit d’un budget moyen de l’ordre de 3000 milliards de FCFA au cours des dix dernières années, de dépenses budgétaires hors masse salariale, évaluées à plus de 1000 milliards de FCFA annuelles, rien n’y fait. Au Gabon, les richesses créées par la nation ne profitent qu’aux riches, un constat d’autant plus alarmant que le taux de chômage structurel du pays, peine à favoriser l’ascension sociale. 

Confirmant le fait que pour l’instant, « les Gabonais manquent de tout » comme le déplorait il y a quelques mois Laurence Ndong, actuelle ministre de la Communication et des Médias, alors sous la bannière du collectif Tournons la page, qui renforçait son propos en précisant qu’il y a dans le pays « un déficit en logements, un déficit en infrastructures, un déficit pour les universités… », ce niveau de pauvreté devrait logiquement hanter les autorités de la transition, qui avant d’engager l’Etat dans de colossales dépenses d’investissements peu stratégiques, devraient y réfléchir à deux fois.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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