Gabon : un membre du Bureau politique du RPM claque la porte après la nomination de Barro Chambrier

Le parti Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM), fondé et dirigé par Alexandre Barro Chambrier, désormais vice-président du gouvernement, enregistre une défection de taille. Dans une lettre datée du jeudi 8 mai 2025 et adressée au président par intérim du RPM, Jean Robert Goulougana, Nazaire Moutendi Moukaka, membre du Bureau politique et élu local à Akanda, a annoncé sa démission du parti, invoquant un désaccord de fond avec la nouvelle trajectoire politique adoptée par la direction.

Une rupture politique après dix ans d’engagement. « Je pars ce jour avec le sentiment d’avoir œuvré avec sincérité à structurer le RPM », écrit Nazaire Moutendi Moukaka, rappelant son implication depuis la fondation du parti en 2014, à l’époque sous le nom de RHM. Fidèle parmi les premiers militants, Nazaire Moutendi Moukaka dit avoir pris sa décision à l’issue d’« une longue période de réflexion » liée aux mutations politiques profondes que connaît le Gabon depuis la chute du régime Bongo.

Une « nouvelle dynamique » en perspective

Dans sa lettre, Nazaire Moutendi Moukaka annonce vouloir s’« inscrire dans une dynamique politique nouvelle », sans toutefois préciser s’il s’agit d’un ralliement à un autre courant ou de la création d’une formation indépendante. Mais une chose est claire : le départ de cette figure du terrain, jusque-là perçue comme un pilier du RPM à Akanda, affaiblit la cohésion interne du parti au moment où son fondateur entre dans les arcanes du pouvoir exécutif.

Ce départ pourrait bien en annoncer d’autres. Car à mesure que le Rassemblement pour la patrie et la modernité se transforme en partenaire de l’exécutif, le risque d’une fracture entre la base militante et la direction politique devient palpable.

Le RPM fragilisé à l’approche des élections

La démission de Nazaire Moutendi Moukaka intervient à un moment particulièrement sensible pour le RPM. À quelques mois des élections législatives et locales prévues en septembre et octobre 2025, le départ de l’un de ses cadres les plus visibles dans la commune d’Akanda sonne comme un avertissement politique. Alors que le président du parti, Alexandre Barro Chambrier, vient d’entrer au gouvernement en tant que vice-président, une partie de sa base militante semble désorientée, voire en rupture avec cette nouvelle orientation.

Pour certains, le RPM perd peu à peu son ancrage d’opposition structurante, sans pour autant bénéficier de la pleine confiance de l’électorat rallié au projet de la Vème République. Cette fragilisation interne pourrait peser lourdement dans les urnes si la clarification stratégique du parti ne survient pas rapidement.