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Gabon : Ruée vers le pouvoir, naufrage des partis, l’urgence d’un vrai renouveau politique

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Alors que les défections s’enchaînent dans les rangs du Parti démocratique gabonais (PDG) et d’autres formations historiques, une recomposition politique s’esquisse, aussi chaotique que révélatrice d’un système en fin de vie. Entre calculs opportunistes et reconversions de façade, l’heure est à la vigilance, car l’avenir du Gabon ne peut se construire sur les ruines recyclées du passé.

La série de démissions spectaculaires enregistrées ces dernières semaines dans les rangs du PDG, jadis machine électorale tout-puissante, semble marquer le crépuscule d’une ère. La défection récente de Raphaël Ngazouze et Rigobert Ikambouayat-Ndeka, deux poids lourds de l’Ogooué-Ivindo, ainsi que le départ groupé de 21 militants à Okondja, résonnent comme un signal d’alarme. Ces départs ne sont pas isolés. Ils s’inscrivent dans une logique de transhumance politique où, à défaut de conviction, l’instinct de survie prime.

Mais vers quoi fuient-ils donc, ces anciens du régime Bongo ? Vers un hypothétique futur parti présidentiel, dont ni le nom ni l’ossature ne sont connus, mais dont le seul éclat perçu serait la lumière de la Présidence ? «  Y a quoi même là-bas ?  », s’interrogeait récemment une observatrice, reprenant la célèbre formule de Sylvie Nzamba. À ce stade, tout porte à croire que certains ne cherchent pas un projet politique, mais un abri doré, une continuité de rente, une reconversion opportuniste.

Un président face aux pièges de l’ancien monde

Brice Clotaire Oligui Nguema, dans son désir affiché de rupture avec les pratiques du passé, doit se garder d’un recyclage silencieux des mêmes visages, des mêmes logiques, des mêmes vices. Ceux qui hier encore sabotaient les politiques publiques et pillaient les ressources, se présentent aujourd’hui comme les conseillers d’un « Nouveau Gabon ». L’histoire, pourtant, enseigne que l’on ne bâtit pas l’avenir avec les fossoyeurs du présent.

« Il est à craindre que le chef de l’État, qui fait la démonstration que non seulement le Gabon est en chantier, mais se donne encore les moyens de lutter contre les fossoyeurs de l’économie », finisse par se retrouver plombé par des allégeances douteuses, lesté par des ambitions malsaines qui cherchent moins à construire qu’à profiter.

Le piège de la transhumance, l’impératif du renouvellement

Ce spectacle pathétique de ruée vers « l’inconnu » ne traduit pas un regain démocratique mais une panique stratégique. Le Gabon, en pleine transition politique, n’a pas besoin d’un recyclage de figures disqualifiées, mais d’un renouvellement profond de sa classe politique. Un renouvellement générationnel, éthique, programmatique.

Si Oligui Nguema veut réellement incarner un tournant historique, il doit couper court à la logique des vases communicants. Refuser les chants de sirène. Écouter le peuple plus que les courtisans. Ouvrir l’espace politique à de nouveaux profils : jeunes engagés, militants associatifs, syndicalistes, universitaires, entrepreneurs citoyens. Le vrai défi n’est pas de repeindre la façade du pouvoir, mais d’en redéfinir les fondations.

Conclusion : pour que le changement ne soit pas une illusion

Dans les films westerns, la ruée vers l’or finissait souvent en désillusions. En politique, il en va de même lorsque les mines d’opportunisme remplacent les gisements d’idées. Le Gabon post-Ali Bongo ne doit pas devenir le théâtre d’un simple déplacement de fortunes politiques. Il doit être le point de départ d’un renouveau démocratique réel.

Ce renouveau commence par une parole claire : « Non » à la transhumance, « Oui » à une refondation citoyenne. Oligui Nguema a l’opportunité d’écrire une autre page. Qu’il ne laisse pas les plumes de l’ancien régime tremper dans l’encre de son projet.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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