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Gabon : malgré la liberté d’expression, les populations toujours réfractaires aux caméras

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Depuis le coup d’État du 30 août 2023, qui a marqué le début de la transition au Gabon sous la conduite du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), le pays semble vivre une période de transformation profonde. Malgré l’avènement de cette transition, qui a vocation à restaurer les institutions et renforcer les libertés fondamentales, les populations peinent toujours à se débarrasser des pesanteurs et des peurs d’antan, notamment lorsqu’elles sont confrontées aux médias.

La peur de s’exprimer malgré la liberté d’expression garantie par la Constitution et la Charte de la transition demeure. Lors de son discours de vœux à la Nation le 17 août 2024, le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema avait rappelé l’importance de la liberté d’expression, la qualifiant de pilier fondamental de la démocratie. Il avait également insisté sur la nécessité de maintenir un équilibre entre cette liberté et l’ordre public. Cependant, malgré ces déclarations et les avancées apportées par le CTRI, les populations gabonaises semblent encore hésitantes, voire réticentes, à s’exprimer librement, en particulier face aux caméras.

La peur de s’exprimer publiquement, un héritage de l’ancien régime du Parti démocratique gabonais (PDG) et de la famille Bongo, persiste-t-elle? Il faut dire que sous ce régime, les intimidations étaient courantes, forçant les citoyens à adopter une posture de silence par crainte de représailles. Bien que le régime ait chuté avec l’arrivée au pouvoir du Comité pour la Transition et la restauration des institutions, cette peur reste ancrée dans les mentalités.

Quelles craintes motivent ce silence ?

En parcourant les rues de Libreville et en interrogeant les citoyens, une équipe de Gabon Media Time a constaté que beaucoup refusent de s’exprimer devant les caméras par peur de représailles. « Quand on dit quelque chose, le lendemain, la police vient nous arrêter, on ne veut pas de problèmes », ont rapporté plusieurs citoyens. Pour d’autres, c’est la peur du ridicule ou des critiques sur les réseaux sociaux qui les pousse à rester silencieux. « La télé va vite, un mot mal placé, et c’est fini. L’image fera le tour de TikTok et des autres réseaux », confie un autre.

Ces craintes compliquent souvent la tâche des journalistes dans leur quête d’informations, les empêchant de recueillir des témoignages importants, notamment de la part de ceux qui souffrent ou cherchent de l’aide. Ce refus de s’exprimer, bien que compréhensible dans un contexte de méfiance historique, prive le débat public d’une diversité de voix et limite l’exercice de la liberté d’expression pourtant si chère à la démocratie.

Encourager les Gabonais à s’exprimer librement au nom de la démocratie

Les médias, en tant que voix des sans-voix, jouent un rôle crucial dans la diffusion des préoccupations des citoyens. Les Gabonais sont donc invités à « délier leurs langues » et à participer plus activement aux débats publics. Refuser de s’exprimer, c’est en quelque sorte renoncer à un droit fondamental : la liberté d’expression. Cette réticence, bien qu’elle soit un reflet de traumatismes passés, doit céder place à une nouvelle ère de dialogue et d’ouverture si le Gabon veut pleinement bénéficier de la transition actuelle.

Geneviève Dewuno Edou

Diplômée en journalisme,je suis chargée des rubriques Santé en plus d’être l’une des voix derrière de nombreux reportages de GMTtv. L'écriture, la pose de voix, la présentation du Journal télévisé sont les principales tâches que j’exécute et pour lesquelles je mets mes capacités au quotidien au profit de la rédaction de Gabon Media Time.

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