Gabon : les mesures emblématiques de la lutte contre la vie chère
La lutte contre la vie chère au Gabon est un sujet à la fois complexe et crucial. Comme dans beaucoup d’autres pays, la question de l’inflation et de la hausse inconsidérée des prix des biens et services essentiels affecte particulièrement les ménages à faible revenu. Le pays compte d’ailleurs de plus en plus de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté. Les politiques économiques et les réformes mises en place par le gouvernement pour stabiliser l’économie, incluant des mesures fiscales, des subventions, et des programmes d’assistance sociale restent cependant insuffisantes. La mesure phare d’ailleurs, concerne la mercuriale. Une solution cosmétique.
De nombreux problèmes de gouvernance, tels que la corruption et la mauvaise gestion des ressources, exacerbent les difficultés économiques et entravent les efforts de lutte contre la vie chère. Entre 2011 et 2021, plus de 65 milliards de dollars US sont sortis illicitement du pays. 65 milliards de dollars US soit plus de 13000 milliards de FCFA. C’est l’équivalent du PIB du Gabon sur plus de trois ans. Dans le même temps, le niveau de vie des habitants s’est fortement dégradé. L’inflation a connu et connaît des sommets. Transport, alimentation, communication, tout augmente et le gouvernement reste impassible.
En effet, face à la hausse des prix des produits de première nécessité, le gouvernement gabonais a réagi une première fois en adoptant des mesures pour lutter contre la vie chère. Parmi ces actions, la baisse des prix des carburants, la réduction du prix de la bouteille de gaz butane, et la subvention de la farine de blé ont été des éléments centraux. Ces initiatives visaient à alléger le fardeau des ménages, touchés par la flambée des prix des biens de première nécessité. Le gouvernement a également mis en place des mesures spécifiques pour soulager les ménages les plus modestes.
Gratuité de transport mais mobilité urbaine de plus en plus réduite
A titre d’exemple, la gratuité du transport public a été maintenue, et les frais d’inscription dans les établissements publics ont été supprimés. Ces mesures ont permis à de nombreuses familles de réduire leurs dépenses quotidiennes, tout en bénéficiant d’un accès facilité aux services essentiels. Mais la gratuité à un prix. Celui de la réduction de la mobilité urbaine. Il faut parfois attendre des heures pour monter dans le “Ngori”. Seulement quelques bus sont en circulation alors que plus d’une centaine sont stationnés à la base de l’opérateur en charge de cette question. C’est à n’y rien comprendre.
Si le plafonnement des prix de plusieurs produits alimentaires a été instauré, notamment pour la viande, le poisson, et les produits laitiers, cette mesure également semble teinté de cosmétique, pour reprendre une expression chère au chef du gouvernement, qui pour sa part, oeuvre en faveur de la relance des filières bovines, ovines et caprines en plus de l’agriculture. Des mesures qui auront un vrai impact à moyen terme tant le niveau des importations dans le pays est élevé. On parle de plus de 500 milliards de FCFA d’importations de produits par an.
Le gouvernement qui a également organisé des événements comme la “Foire aux Poissons”, où 120 tonnes de poissons ont été vendues à des prix très bas, ce qui a permis à de nombreuses familles de s’approvisionner en denrées alimentaires à des tarifs abordables, n’a donc pas encore réellement été en mesure de mettre en place de réels mécanismes circulaires pour faire baisser l’inflation. La lutte contre la vie chère étant un enjeu de long terme, des efforts supplémentaires devront être déployés pour stabiliser durablement les prix sur le marché. Gageons que Mays Mouissi et ses équipes en prennent la mesure.