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Gabon : les grossesses précoces, un phénomène insoluble dans la société ?

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Depuis l’arrivée des nouvelles autorités à la tête du pays, l’éducation est devenue une priorité nationale. Pourtant, malgré les réformes annoncées et les efforts en cours, un phénomène persistant continue de compromettre l’avenir scolaire de nombreuses jeunes filles : les grossesses précoces. Ce fléau, bien connu mais encore largement sous-estimé, pose un sérieux défi à la société gabonaise.

Au Gabon, les grossesses précoces ne sont pas un fait nouveau, mais leur banalisation inquiète. Dans plusieurs quartiers populaires de Libreville comme dans les provinces, il n’est pas rare de voir des adolescentes de 14 ou 15 ans enceintes, souvent contraintes d’abandonner l’école. Les causes sont multiples, entre la pauvreté, le manque d’éducation sexuelle, les violences sexuelles, l’absence de dialogue familial, mais aussi la démission parentale. À cela s’ajoute l’influence des réseaux sociaux et des modèles de réussite fondés sur l’apparence et la séduction.

Des chiffres alarmants

Les statistiques récentes dressent un tableau préoccupant. Une étude conjointe de l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) les grossesses précoces sont à l’origine d’un taux d’échec de près de 55% chez les élèves-mères. Selon le quotidien L’Union de ce vendredi 23 mai 2025, 16 filles sur 100 âgées de 15 à 19 ans ont déjà eu une naissance. Par ailleurs, les chiffres indiquent que pour le cas du primaire, 28 filles sur 100 ont déjà commencé la vie procréative. 

Un constat inquiétant car malgré une connaissance élevée des méthodes contraceptives les adolescentes n’en utilisent pas, souvent en raison de pressions sociales ou de manque d’accès aux services de santé adaptés. Résultat, beaucoup de jeunes filles se retrouvent isolées, rejetées par leur famille ou leur communauté, sans aucune ressource pour élever leur enfant. Avec en prime le risque de voir ces jeunes mères tomber dans un cycle de précarité et de dépendance, compromettant leur avenir et celui de leur enfant.

Un appel à l’action collective

Face à cette réalité, la lutte contre les grossesses précoces doit devenir une priorité transversale impliquant l’État, les établissements scolaires, les familles et les communautés locales. Il ne s’agit pas seulement de prévenir les grossesses, mais aussi de garantir la réintégration des jeunes mères dans le système éducatif, de renforcer la protection des mineures contre les abus sexuels et d’assurer un meilleur accès à l’information sur la santé reproductive.

Le Gabon ne pourra bâtir une société éduquée, égalitaire et prospère si une partie de sa jeunesse est laissée sur le bord du chemin. Rompre le cycle des grossesses précoces, c’est donner à chaque fille la chance de choisir son avenir.

Geneviève Dewuno Edou

Diplômée en journalisme,je suis chargée des rubriques Santé en plus d’être l’une des voix derrière de nombreux reportages de GMTtv. L'écriture, la pose de voix, la présentation du Journal télévisé sont les principales tâches que j’exécute et pour lesquelles je mets mes capacités au quotidien au profit de la rédaction de Gabon Media Time.

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