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Gabon : les défis potentiels de la nationalisation accrue de l’économie

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Rachat d’Assala Energy pour plus de 636 milliards de FCFA, rachat de 35% des parts de Ceca-Gadis, rachat de 35% des parts d’Agro Business Group, reprise des actifs d’Addax Petroleum, reprise en main du parc hôtelier pour dynamiser l’industrie du tourisme. Moins d’un an après le début de la transition portée par le CTRI, l’Etat gabonais a fait main basse sur un nombre impressionnant d’entités jusque-là détenues par des opérateurs privés. Une initiative non sans conséquence, au regard du contexte économique mondial marqué par une atonie prononcée et des risques budgétaires qui pèsent sur l’économie gabonaise.

En renversant le pouvoir d’Ali Bongo Ondimba le 30 août 2023, le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) s’est engagé dans une « phase cruciale de transformation nationale avec la mise en œuvre de missions stratégiques ». Avec pour ambition d’asseoir les fondations d’un État moderne et résilient notamment, le CTRI s’est donc engagé à nationaliser l’économie pour entre autres optimiser les ressources de l’Etat. Dans cet ordre, plusieurs opérations ont été effectuées. Rachat de 35% des parts de Ceca-Gadis, prise de participations majoritaires dans la compagnie aérienne Afrijet en plus de la création de Fly Gabon, rachat des actifs d’Assala pour un montant record.

En à peine 11 mois, le général-président Oligui Nguema et son gouvernement ont engagé l’Etat gabonais dans une spirale de dépenses pharaoniques, pas forcément en phase avec la réalité économique et structurelle notamment sur le plan national. Et pour cause, la nationalisation de l’économie comporte plusieurs limites et défis potentiels dont le principal réside dans l’inefficacité économique. Il faut dire qu’en faisant un tour d’horizon des entreprises sous la tutelle de l’Etat avant ce vent de nationalisation, le constat est amer, la grande majorité d’entres elles, sinon la totalité, sont en proie à des dérives managériales, structurelles, financières et surtout à une crise de gouvernance. 

Risque accrue d’inefficacité

Dans un tel contexte, en s’appropriant toutes ces entreprises dans un environnement aussi incertain où se mêlent dépenses extra budgétaires et populisme économique, l’Etat gabonais prend le risque de fragiliser une économie qui peine encore à se remettre des chocs précédents. Conséquences potentielles, les entreprises nationalisées ont de gros risques de devenir moins efficaces et compétitives par rapport aux entreprises privées, en lien avec la bureaucratie accrue et le manque d’incitations à innover et à améliorer la productivité, toute chose qui pourrait dissuader les investissements étrangers et même nationaux, étant donné qu’un tel climat crée une incertitude quant aux politiques économiques futures et à la sécurité des investissements.

Mauvaise gouvernance, corruption, hausse exponentielle de la dette 

Sujettes à une corruption devenue endémique au fil des ans au Gabon, à une mauvaise gestion en raison d’une probable ingérence politique et d’un manque de transparence, ces entreprises désormais dans le giron de l’Etat gabonais, pourraient à moyen terme, avoir beaucoup de mal à faire face aux contraintes financières, technologiques et infrastructurels qu’imposent leurs secteurs. L’État étant dans le même temps, occupé à réaliser ses missions régaliennes, qui, elles aussi, imposeront des charges financières importantes, ce qui pourrait fragiliser le soutien accordé aux entreprises nationalisées et de facto, entraîner des déficits budgétaires et une mauvaise allocation des ressources publiques.

De cette rigidité économique pourrait découler une diminution de la flexibilité mais également une incapacité pour l’Etat à s’adapter aux changements économiques et aux crises, les entreprises étant moins capables de réduire les coûts et de s’ajuster à la demande et au contexte international. A titre d’exemple, une quelconque réduction des prix du baril de brent à 50 dollars US contre 82,95 dollars US au moment où nous couchons ces lignes, aurait des conséquences dramatiques sur l’ensemble de notre économie eu égard au rachat d’Assala et à ce qu’il implique en termes de remboursement à Gunvor. 

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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