Gabon: le montant des intérêts payés par l’Etat aux banques commerciales chutera de 4,5 milliards en 2025
En 2025, l’État gabonais a annoncé une baisse significative des intérêts versés aux banques commerciales, avec une réduction de 4,5 milliards de FCFA. Cette diminution s’inscrit dans une stratégie plus large de gestion budgétaire visant à alléger les charges de la dette intérieure. Bien que cette réduction puisse être perçue comme une mesure favorable pour les finances publiques, elle mérite d’être examinée de plus près, car elle pourrait comporter de nombreux risques sous-jacents, et révéler certaines fragilités.
À première vue, la réduction des paiements d’intérêts semble traduire une gestion financière plus prudente, permettant de dégager des marges budgétaires pour d’autres priorités. Toutefois, cette stratégie peut cacher des fragilités structurelles. Réduire les intérêts versés pourrait refléter un moindre recours à l’endettement commercial ou un refinancement des emprunts. Si cette stratégie permet de réduire la charge immédiate, le risque est que l’État reporte les paiements à plus tard, allongeant ainsi la durée de remboursement ou augmentant le poids total de la dette à long terme notamment la dette intérieure. Ce fut déjà le cas par le passé.
Une pression sur les banques commerciales?
En effet, en limitant les intérêts versés aux banques locales, l’État peut affecter négativement ces institutions financières. Les banques commerciales gabonaises, déjà confrontées à un environnement économique complexe, dépendent des revenus générés par les intérêts des prêts à l’État. Une baisse de ces paiements pourrait donc réduire leur capacité à offrir des crédits aux entreprises et aux particuliers, ce qui aurait des répercussions sur l’économie nationale. Une telle mesure pourrait donc entraîner une hausse des taux d’intérêt sur les prêts commerciaux, limitant ainsi l’investissement privé et freinant la croissance économique à long terme.
Sur le plan de la dette intérieure, cette réduction des paiements d’intérêts, bien qu’elle semble judicieuse à court terme, pourrait s’avérer insuffisante pour s’attaquer aux racines du problème. La réduction des intérêts sans une véritable restructuration de la dette ou sans un plan clair pour limiter le recours à l’endettement local pourrait entraîner des difficultés futures. En ne s’attaquant pas de manière plus ambitieuse à la réduction globale de la dette, le Gabon risque de rester piégé dans une spirale d’endettement.
En outre, cette stratégie peut également être perçue comme un choix de court terme, visant à alléger la pression immédiate sur le budget de l’État. En limitant ses engagements à l’égard des banques commerciales sans s’attaquer aux causes structurelles de l’endettement, l’État gabonais pourrait simplement repousser les problèmes. À long terme, une telle stratégie pourrait nuire à la viabilité des finances publiques et exposer le Gabon à de nouveaux chocs économiques en cas de ralentissement de la croissance ou de détérioration des conditions de crédit.
GMT TV