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Gabon : le CTRI se complaît-il dans le «Kounabelisme» en sa faveur ?

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Le spectacle désolant qui s’est tenu la semaine dernière sur le boulevard de la Nation, au pied de la tribune officielle, met une fois de plus en lumière la culture du Kounabelisme qui gangrène l’espace politique gabonais. Trois individus, visiblement désespérés, ont choisi d’entamer une grève de la faim, affirmant être prêts à mettre fin à leurs jours si le général-président Brice Clotaire Oligui Nguema ne se présente pas à la présidentielle d’avril prochain. Un acte théâtral qui témoigne d’une dérive dangereuse dans la construction de la Transition.

Ce triste épisode n’est pas une première. Depuis plusieurs mois, les appels à la candidature du chef de l’État se multiplient sous diverses formes : marches dites « pacifiques », tribunes dans les médias, motions de soutien orchestrées, et désormais des mises en scène dignes des périodes les plus serviles du régime précédent. Ce qui inquiète le plus, c’est que cette adulation semble tolérée, voire encouragée en coulisses par certains proches du pouvoir.

L’appel de Mgr Jean-Patrick Iba-Ba ignoré ?

Pourtant, l’archevêque métropolitain de Libreville, Mgr Jean-Patrick Iba-Ba, avait solennellement mis en garde contre ces dérives lors de la cérémonie de présentation des vœux au couple présidentiel. « Nous déplorons la recrudescence du Kounabelisme, qui n’aide pas le Gabon à sortir des sentiers battus et qui, de fait, pourrait ternir votre action », avait déclaré le prélat. Un avertissement clair, resté lettre morte.

L’attitude des membres du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) face à cette exagération populiste pose question. Pourquoi cette inertie face à un phénomène qui décrédibilise l’engagement affiché de rupture avec le passé ? La Transition, censée être une période de refondation institutionnelle et morale, peut-elle tolérer un culte de la personnalité qui rappelle dangereusement les pratiques d’antan ?

Un fléau persistant qui ternit la Transition

Les scènes surréalistes du boulevard de la Nation et la prolifération des appels à la candidature du chef de la Transition démontrent une accoutumance du CTRI avec le Kounabelisme. Si le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema veut véritablement marquer une rupture avec le passé, il doit impérativement condamner ces pratiques et dissiper tout doute sur son éventuelle participation à la présidentielle. À l’heure où le Gabon aspire à tourner la page d’un régime fondé sur la flatterie et la soumission, il serait temps que les autorités de la Transition prennent les mesures nécessaires pour mettre fin à ces mascarades.

Le Kounabelisme est un poison pour la démocratie et un frein au progrès politique du pays. Si le CTRI ne s’attèle pas rapidement à enrayer ce phénomène, alors la Transition, au lieu d’être une période de renouveau, pourrait devenir le théâtre d’une reproduction des mêmes travers que ceux dénoncés lors du coup d’État du 30 août 2023.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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