Gabon : la relance de l’économie freinée par la forte dépendance aux importations

L’économie gabonaise continue d’évoluer dans un contexte de dépendance structurelle vis-à-vis de l’extérieur. Selon l’Étude nationale prospective Gabon 2050, produite par le ministère de la Planification et de la Prospective, les importations absorbent encore plus de 17 % du PIB national, contre un pic de 33 % en 2013. Cette réalité traduit une forte vulnérabilité extérieure, qui limite la capacité du pays à stimuler sa croissance par la demande intérieure. En effet, dans un modèle où la majorité des produits consommés est importée, toute relance par la consommation se heurte au phénomène de fuite des capitaux, réduisant l’impact des politiques économiques sur l’activité locale.

Les auteurs de l’étude déplorent à ce titre une économie davantage orientée vers la rente que vers la production. « La majeure partie des biens est importée, constituant un frein à l’efficacité des politiques de relance par la consommation à cause du mécanisme de fuite par les importations », expliquent-ils. Pire encore, plus de 60 % des importations du Gabon proviennent de pays à revenu élevé, où les coûts de production sont structurellement plus élevés que ceux du pays. Cette configuration génère une inflation importée persistante, qui affecte directement le pouvoir d’achat des ménages et compromet les objectifs de croissance.

Une stratégie industrielle pour sortir de la dépendance

Face à cette situation, le développement d’une industrie de production et de transformation locale s’impose comme une priorité nationale. Le Gabon ne pourra atteindre ses ambitions de croissance à deux chiffres, affichées lors du récent Gabon Economic Forum, qu’en réduisant sa dépendance aux importations et en stimulant un tissu productif local. Cela implique des investissements massifs dans les infrastructures industrielles, l’accompagnement des PME, et une politique cohérente de substitution aux importations dans les secteurs clés.

Par ailleurs, la relocalisation d’une partie de la production aura pour conséquences la création d’emplois, le renforcement de la souveraineté économique et la stabilisation des prix sur les marchés domestiques. Ce virage industriel devra aussi s’accompagner d’une réforme logistique et douanière pour améliorer la compétitivité, et d’une stratégie d’exportation régionale afin d’élargir les débouchés. L’enjeu est vital pour le pays : passer d’une économie de rente à une économie de transformation, socle indispensable d’une croissance durable et inclusive.