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Gabon-France : l’extrême-droite aux portes du pouvoir, un risque pour la coopération bilatérale ?

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Les 28 et 29 mai derniers, s’est tenu à Paris le premier Forum économique Gabon – France. Une rencontre qui a vu la participation de la crème du patronat français représenté par le Mouvement des entreprises de France (MEDEF), et de nombreux acteurs politiques et économiques Gabonais. Si ce grand rendez-vous a débouché sur des perspectives d’un renforcement des investissements français au Gabon, avec notamment des engagements à hauteur de 739 milliards de Fcfa, les perspectives d’une arrivée de l’extrême droite à la Primature interroge à la fois sur les orientations économiques de la France vis-à-vis du Gabon, mais aussi sur le devenir des ressortissants gabonais installés en France.  

A mesure que la date du premier tour du scrutin législatif approche, le Rassemblement national, dirigé par le vainqueur des élections européennes, Jordan Bardella conforte sa position dans les sondages. Un parti qui affiche clairement une posture anti-immigration africaine, de quoi susciter des inquiétudes sur le sens de la politique française sous l’extrême droite, vis-à-vis des communautés africaines installées en France, et notamment Gabonaise. 

L’arrivée du RN à Matignon, un risque pour les relations franco-gabonaises ? 

Avec près de 35 milles personnes installées, la France est l’un des principaux pays d’immigration des ressortissants Gabonais dans le monde, dont une bonne partie composée d’étudiants, qui bénéficient d’une bourse scolaire payée par le gouvernement gabonais. Au plan économique, la France au Gabon ce sont 110 entreprises installées, 14 000 emplois directs, qui génèrent plus de 2 100 milliards de Fcfa. La France c’est aussi 26% des importations du Gabon, ce qui a représenté la bagatelle somme de 588 milliards de Fcfa en 2023, soit un bond de 10% par rapport à 2022. 

Si les discours incendiaires de l’extrême droite pourraient en cas de majorité absolue à l’Assemblée nationale avoir des conséquences au plan interne, notamment à travers une certaine banalisation du racisme et de l’anti-sémitisme, en matière de politique internationale, il y a peu de chance que l’axe Libreville – Paris connaisse une fragilisation. En effet, de manière pratique, la politique internationale demeure le domaine réservé du président de la République, ce qui laisse à Jordan Bardella peu de marge de manœuvre sur tous les sujets internationaux. En outre, bien que Marine le Pen s’était montrée très critique à l’égard d’Emmanuel Macron qu’elle avait accusé de complaisance vis-à-vis du régime militaire au pouvoir au Gabon, les perspectives de sortie de crise, différentes des cas nigérien, malien et burkinabè, adossées à une redynamisation récente des relations économiques entre les deux pays, et qui ouvre de nouvelles opportunités pour de nombreux groupes français, permettent de relativiser cette peur bleu vis-à-vis de l’extrême droite. 

D’ailleurs, il n’est pas exclu que Jordan Bardella, Marine le Pen et leurs alliés, qui ne sont pas à une contradiction près, une fois au pouvoir, emboîtent le pas de l’extrême droite italienne. En effet, alors qu’elle avait fait campagne en promettant de dresser un blocus maritime à ses côtes pour interdire l’arrivée massive des migrants sur son sol, la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, sous la pression du patronat italien, a légalisé un démi million de sans papiers. En 2017 déjà, Marine le Pen alors en course pour la présidentielle, avait rendu visite au président tchadien de l’époque, Idriss Deby Itno, afin de faire le point sur la coopération militaire entre Paris et N’Djamena. Une preuve que l’extrême droite française intègre le paramètre de la realpolitik dans la politique qu’elle entend mener. 

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