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Gabon : de la nécessité de supprimer la Vice-présidence de la République

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Alors que les regards sont tournés vers le stade de l’Amitié Sino-Gabonaise d’Angondjé où ont lieu les débats sur la refonte du système institutionnel du pays depuis le 8 avril 2024, il convient de s’interroger sur la pertinence de conserver des institutions dont l’importance du rôle laisse à désirer. C’est notamment le cas de la Vice-présidence de la République, constitutionnellement reconnue, mais dont l’efficacité peine à faire ses preuves.   

Au terme de l’article 14a de la Constitution du 26 mars 1991, « Le président de la République est assisté d’un vice-président de la République ». Un texte qui a par la suite évolué pour devenir « Le Président de la République peut être assisté d’un Vice-Président de la République ». Une version finalement reprise par la Charte de la Transition en son article 40, et au fondement duquel les autorités de la Transition ont nommé un Vice-président. Cependant, à l’heure où le pays est en quête de financements, des arbitrages s’imposent au niveau des dépenses de fonctionnement.

Vice-président de la République, une fonction inutile ? 

Si les pistes des réformes généralement préconisées par les spécialistes de la question tiennent à la suppression du Sénat et plus récemment de la Primature, la Vice-présidence de la République échappe souvent aux radars. Selon la constitution en vigueur jusqu’au coup d’Etat de 2023, le Vice-président a pour rôle de suppléer le président de la République « dans les fonctions que celui-ci lui délègue ». Une terminologie creuse, qui à elle seule décrit l’inutilité de ce poste de dépense, à l’heure où la masse salariale du pays représente à peu près 17% du budget de l’Etat.   

Cette inutilité est d’autant plus réaliste que lors du premier septennat d’Ali Bongo Ondimba, de septembre 2009 à septembre 2016, le poste n’a été attribué à aucune personnalité. Ce n’est qu’au terme du dialogue national qui s’est tenu au lendemain du coup d’État électoral, réprimé dans le sang et au nom de la nécessité de rallier une certaine opposition à la gestion de l’État, que Pierre Clavier Maganga Moussavou avait été nommé Vice-président de la République, avant d’y être débarqué par Sylvia Bongo Ondimba et ses affidés pour avoir été le premier à reconnaître publiquement l’AVC du président déchu. Rose Christiane Ossouka Raponda qui l’avait remplacé plusieurs années après, n’a d’ailleurs joué aucun rôle majeur à ce poste qui mériterait qu’on s’y attarde. 

Vice-président de la République, une fonction budgétivore !

Si au regard de l’opacité qui a souvent caractérisé l’administration gabonaise, il est difficile d’obtenir des chiffres sur le traitement salarial d’un Vice-président de la République en fonction, un travail réalisé en 2018 par l’actuel ministre de l’Économie et des Participations, Mays Mouissi, nous donnait une idée des traitements réservés à un ancien Vice-président. Ainsi, en prenant pour année de référence 2012, il ressort de ce travail que « 89,5 millions FCFA de budgets publics sont dédiés annuellement à l’ancien Vice-président, dont 12 millions FCFA au titre de Locations – résidences ». Par ailleurs, en leur qualité d’anciens Vice-présidents, ces hauts commis de l’Etat bénéficient de nombreux avantages matériels, eu égard à leur statut particulier reconnu par l’ordonnance numéro 24/98 du 13/08/1998 portant statut particulier des anciens Vice-Présidents de la République et des anciens Premiers Ministres. 

En ce qui concerne le Vice-président en fonction, il génère d’autres dépenses liées au traitement salarial des membres de son cabinet. À titre d’exemple, au terme du décret numéro 0015/PT/PR du 06/10/2023 portant fixation de la composition du cabinet du Vice-Président de la Transition, Vice-président de la République, l’actuel occupant de cette fonction dispose de 17 collaborateurs. Un nombre qui, adossé aux dépenses que peut potentiellement générer le Vice-président lui-même, fait inutilement grimper les dépenses de l’État, surtout lorsque de nombreux secteurs vitaux font face à un déficit en personnel.

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