Gabon : Comilog face aux défis du marché mondial du manganèse
Comilog, qui assure environ 15 % de la production mondiale de manganèse, a pris des mesures drastiques pour faire face à la baisse de la demande mondiale, principalement en Chine. La décision de suspendre temporairement la production de la mine de Moanda pendant trois semaines intervient après un été marqué par une réduction significative des achats chinois. Le ralentissement de la production d’acier au carbone en Chine, qui représente environ 50 % de la demande mondiale de manganèse, a conduit à une contraction brutale des commandes. Toute chose qui pourrait avoir un impact non négligeable sur les recettes minières du Gabon.
La mine de Moanda, qui produit environ 7 millions de tonnes de manganèse par an, verra ses objectifs de production pour 2024 révisés à la baisse, avec un nouvel objectif fixé entre 6,5 et 7,0 Mt de minerai transporté. Ce réajustement, en baisse par rapport aux 7,0 à 7,5 Mt initialement prévues, souligne la gravité de la situation. De plus, le prix du minerai de manganèse haute teneur, tombé à environ 4 $/dmtu (CIF Chine 44 %), illustre la pression sur les marges des producteurs. Le marché est déstabilisé par l’afflux de minerai de basse teneur en provenance d’Afrique du Sud, qui a temporairement profité d’une hausse des prix avant l’été.
Un ajustement stratégique, mais des retombées potentiellement importantes
Avec environ 15 000 emplois directs et indirects générés par Comilog, l’impact économique de ces ajustements de production est considérable pour le Gabon. Le secteur minier représente environ 6,2 % du PIB du pays et constitue une part majeure de ses exportations, avec près de 90 % du manganèse produit à Moanda destiné à l’exportation. En 2023, les recettes liées au secteur minier ont généré plus de 500 milliards de FCFA pour l’économie gabonaise, faisant de ce secteur l’un des principaux contributeurs aux revenus publics après le pétrole. Les ajustements de production décidés par Comilog, pourraient ainsi avoir un effet direct sur la balance commerciale du pays et la création de valeur ajoutée nationale.
Impact sur les finances publiques gabonaises
La réduction de la production de manganèse et la pression sur les prix mondiaux auront également des conséquences sur les finances publiques gabonaises. Les recettes fiscales provenant du secteur minier, qui incluent les taxes sur l’extraction et les droits d’exportation, risquent de diminuer de manière significative. En 2023, ces recettes minières représentaient environ 15 % des recettes fiscales du Gabon. Avec une révision à la baisse des volumes de production de Comilog, les rentrées fiscales liées au manganèse pourraient accuser une baisse de 10 à 15 % en 2024, affectant ainsi la capacité de l’État à financer ses projets de développement.
